<34>ver ses convenances et ses sûretés; sur quoi, je lui représentai tout ce que je vous ai chargé en dernier lieu de faire entendre à ce sujet au lord Harrington; qu'au surplus l'idée que Sa Majesté Britannique se formait de ma façon d'envisager la situation des affaires aux Pays-Bas et en Angleterre, était très juste, et que je ne pouvais qu'être fort sensible aux dangers et aux embarras où les Puissances maritimes devaient naturellement se trouver à l'un et l'autre égard, ni voir avec indifférence que la succession protestante fût renversée en Angleterre, ou que la république de Hollande fût écrasée; que le moyen le moins équivoque pour s'en tirer et pour en détourner les suites était, à mon avis, de s'appliquer tout de bon à porter les choses à une pacification générale; que je croyais savoir avec certitude que la France n'en était nullement éloignée, et que, si l'on lui en faisait des propositions tant soit peu acceptables, elle y apporterait assez de facilités; que si les Puissances maritimes jugeaient que mon entremise pourrait servir à faire réussir cet important ouvrage, et qu'elles voulussent me communiquer confidemment leurs idées et leurs dernières résolutions à cet égard, je m'en chargerais avec plaisir et m'en acquitterais avec tout le zèle et l'empressement qu'elles peuvent attendre de la part d'un fidèle ami et allié, et qui n'est pas moins attentif à leurs intérêts qu'aux siens; qu'en tout cas, et supposé qu'il n'y eût pas moyen de concilier les prétentions des deux parties, l'Angleterre aussi bien que la Hollande pouvaient compter que j'aurais une attention extrême d'en ménager les avances et les ouvertures et de ne pas mésuser de leur confiance au préjudice de leurs intérêts; que pour ce qui est des représentations qu'on souhaitait que je fisse à la cour de France, pour la détourner de ses projets contre les îles britanniques, elles ne me paraissaient nullement de saison ni propres à faire désister la France de ces desseins, supposé qu'elle les eût formés; qu'elle connaissait assez ma situation pour ne pas ignorer que je ne me trouvais ni en état ni en volonté de me rembarquer dès à présent dans une nouvelle guerre; que par conséquent mes remontrances, quelques sérieuses qu'elles fussent, ne feraient jamais assez d'impression sur son esprit pour la faire changer de mesures, outre que je me sentais une répugnance invincible d'user des menaces, sans les réaliser par des effets prompts et suffisants, dont je me trouvais empêché maintenant par une infinité de considérations et particulièrement par celle des grands préparatifs que la cour de Russie me mettait maintenant en perspective et auxquels, sans les craindre par l'état formidable de défense où je me trouve, Dieu merci, il fallait pourtant être attentif et garder les mains libres.

J'ai trouvé bon de vous faire part de ces particularités, afin que vous sachiez comment vous expliquer sur ces matières dans vos entretiens avec le lord Harrington, si ce ministre vous en parle le premier, posant pour principe de ne pas presser trop la cour d'Angleterre pour prendre de nouveaux engagements avec moi, mais de la voir venir, afin