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Les conjectures que vous faites au sujet de la dernière course du sieur Saul, me paraissent assez probables, et il se peut que ceux qui sont de l'opinion qu'il s'est agi d'un traité de neutralité pour le royaume de Naples, accusent juste; mais comme il est trop difficile encore à en pénétrer avec justesse le vrai sujet, il faut attendre jusqu'à ce qu'on en saura développer plus de circonstances, inconnues jusqu'ici.

Je ne me persuade pas trop des assurances que le prince d'Elbeuf vous a données sur une pacification prochaine à faire à Breda; les matières n'y sont pas assez préparées et les sentiments des parties contractantes à l'égard de leurs intérêts encore trop éloignés, et même contrariants, pour qu'on puisse espérer une prochaine issue de ces négociations; et, si les propos du prince d'Elbeuf à ce sujet étaient fondés, ce serait plutôt de Londres que de Vienne qu'on en serait informé.

Je n'oublierai pas à faire de nouvelles instances à la cour de Londres afin qu'elle travaille sérieusement auprès de celle de Vienne pour constater l'affaire de la garantie de l'Empire; mais je commence à soupçonner qu'il y a actuellement tant d'autres démêlés et différends à concilier entre ces deux cours, par rapport à leurs intérêts propres, qu'ils ne songent pas trop à présent aux miens ni à l'affaire de la garantie de l'Empire.

Quant aux anecdotes que vous me mandez, vous pouvez être assuré du secret que je vous en garderai.

Federic.

Nach dem Concept.


2577. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Potsdam, 24 mars 1747.

Puisque la cour de Vienne a jusqu'ici peu ou point réfléchi aux insinuations que le ministre de l'Angleterre à Vienne, le sieur Robinson, lui a faites relativement à l'affaire de la garantie de l'Empire du traité de Dresde, et que ce ministre n'a pu parvenir, de la manière qu'il s'y est pris, à vaincre l'opiniâtreté de cette cour-là à ce sujet, et que je sais cependant à n'en pouvoir douter que c'est l'Angleterre seule qui est en état d'y réussir, si elle le veut sérieusement, ma volonté est que vous devez chercher l'occasion pour représenter à milord Chesterfield d'une manière assez sérieuse, quoiqu'en des termes convenables, le peu d'égards que la cour de Vienne avait eus jusqu'à présent à tout ce que l'Angleterre lui avait fait insinuer à ce sujet, et combien palpablement ladite cour mettait par là en jour la mauvaise intention qu'elle avait à ne point vouloir exécuter ce dont on était convenu par le traité de paix de Dresde; et que j'espérais, ainsi, que lui, milord Chesterfield, voudrait engager le Roi son maître à travailler sérieusement pour rectifier les idées de la cour de Vienne et de vaincre son opiniâtreté à me satisfaire sur une des conditions les plus principales de“ cette paix qui