<398> quand il reviendra encore à vous en parler, vous devez ajouter à toutes les bonnes raisons que vous lui avez déjà dites, que l'on ne voyait jusqu'au moment présent aucune disposition assez favorable à la paix parmi toutes les parties belligérantes, et que par conséquence, tandis que l'on ne remarquerait pas de meilleure disposition, je risquerais extrêmement de me commettre, si je venais offrir une médiation de paix; mais que, nonobstant de cela, je ne discontinuais pas à faire toutes les insinuations possibles pour disposer les esprits à se prêter à la paix; que la copie ci close de la réponse1 que je venais de faire au prince d'Orange à la notification qu'il m'avait faite de son élévation au stathoudérat, justifiait ce que j'avançais à cet égard, et que M. de Puyzieulx pourrait être assuré que, sur la moindre apparence que je verrais pour pouvoir aider à une paix bonne et honorable pour la France, j'offrirais du meilleur de mon âme ma médiation, mais qu'il conviendrait lui-même qu'il faudrait absolument que je visse préalablement quelque disposition, de la part des alliés contre la France, d'être écoutés d'eux, et qu'alors je mettrais tout en œuvre pour y réussir; et comme d'ailleurs la France doit être persuadée de la droiture de mes sentiments, et combien ses intérêts me sont chers, elle pourra compter que j'appuierai ceux-ci autant qu'il me sera possible.

Sur ce qui regarde la médiation armée que le marquis de Puyzieulx paraît souhaiter de moi, vous lui insinuerez convenablement qu'une pareille médiation serait praticable aussitôt que les Anglais et les Autrichiens seraient mis au point de pouvoir à peine faire plus une campagne, et que ce serait alors que je pourrais donner, moyennant une médiation armée, une préponderation décisive, mais qu'à moins de cela, une pareille médiation de ma part serait hors de propos et brouillerait plutôt les affaires.

A tout cela vous devez ajouter par manière de conversation que, si je devais jamais me mêler de quelque médiation, il faudrait absolument que la France optât préalablement entre moi et la Saxe, puisque je ne saurais jamais me mêler de quelque chose si la France voulait se servir en même temps de la cour de Saxe2 pour une pacification, et que je serais plutôt obligé de laisser aller les affaires comme elles pourraient, parceque je savais d'avance que toutes les peines que je me donnerais n'aboutiraient qu'à me voir exposé à être trahi du ministre saxon, qui tâcherait à duper également la France et moi; enfin, que je ne voudrais point être confondu avec les Saxons.

Au surplus, vous pourriez lire au marquis de Puyzieulx ma lettre au prince d'Orange que je vous communique, sans cependaut lui en donner copie, et à condition qu'il en ménage le secret.

Federic.

Nach dem Concept.



1 Nr. 2646.

2 Vergl. S. 385. 387. 393.