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2664. A LA PRINCESSE ROYALE DE SUÈDE A STOCKHOLM.

Potsdam, 7 juin 1747.

Ma très chère sœur. Le capitaine Schechta sera lui-même le porteur de cette lettre et des ratifications.1 Quant à cet officier, le Prince Royal est le maître de le garder à Stockholm tant qu'il pourra le trouver utile à ses intérêts, et, dût-il vouloir l'avoir tout-à-fait, je me ferais un plaisir de le lui céder. Vous n'avez qu'à me mander, ma chère sœur, ce que vous trouvez convenable pour vos intérêts, et ce sera ma loi. Enfin, voilà ce traité si utile et si raisonnable une fois conclu. Selon toutes les règles du bon sens, il doit être avantageux à l'une et à l'autre nation, et s'il y a quelque chose de capable de nous donner de la considération, c'est que nous sommes fortifiés mutuellement. On dit que l'envie en grince les dents de rage, mais que, voyant ses efforts impuissants, elle fera succéder la douceur à ses emportements. Cela fera ravaler peut-être la légèreté de certaines ostentations, l'inconsidération des propos et l'oubli des égards les plus ordinaires, et qui sont asujettis aux civilités les plus communes. Daignez, ma très chère sœur, me continuer votre précieuse amitié, et ne jamais douter de la tendresse des sentiments ni de l'estime avec laquelle je suis, ma très chère sœur, votre très fidèle frère et serviteur

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei. Im Königl. Hausarchiv zu Berlin.


2665. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 10 juin 1747.

La dépêche que vous m'avez faite le 31 du mois dernier, m'est bien parvenue. Sur ce qui regarde la négociation présente entre les cours de Pétersbourg et de Vienne, je crois que vous trouverez, à la fin des recherches que vous faites à ce sujet, qu'il ne s'y agit d'autre chose que de simples chipotages, et je ne saurais pas m'imaginer que la cour de Vienne osât penser à me susciter des querelles, tandis que les affaires de l'Europe restent dans l'état où elles sont actuellement. Il se peut encore que le fréquent envoi de courriers entre les deux cours ait pour objet le traité de subsides entre l'Angleterre et la Russie, et je ne veux pas douter que ces deux cours s'entrecommuniquent encore sur mon traité d'alliance avec la Suède, dont je sais qu'elles sont extrêmement jalouses, et qu'elles m'attribuent à cet égard des vues et des desseins des plus ridicules et des plus chimériques qu'on saurait s'imaginer. Cela ne doit cependant pas vous empêcher de veiller de fort près à tout ce qui se traite entre les deux cours.



1 Am 29. Mai war zu Stockholm die preussisch-schwedische Defensivallianz unterzeichnet worden. Gedruckt bei Wenck, Codex juris gentium II, 235.