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D'un autre côté, j'appréhende que les fondements de l'alliance entre la Russie et la Danemark, ne roulent sur le duché de Holstein, dont cette première puissance garantit la succession eventuelle au Danemark.

Je crois qu'avec beaucoup de peine et beaucoup de raisonnement l'on pourrait peut-être porter le prince royal de Suède à renoncer au Sleswig, mais je ne présume pas qu'on puisse le résoudre, sans que la nécessité l'y oblige, à renoncer à la succession du Holstein en faveur du Danemark, et je ne puis vous dissimuler que cette proposition me paraît dure et exorbitante.

Indépendamment de cela, si mon avis était écouté, je conseillerais au prince royal de Suède de se prêter à ces engagements, premièrement parcequ'il lui convient de diminuer le nombre de ses envieux et de ses ennemis, pour monter paisiblement sur le trône de Suède et pour y établir son autorité, qu'une alliance pareille à celle de Russie et de Danemark pourrait puissamment traverser. En second lieu, parcequ'une infinité de révolutions peuvent venir à la traverse de cette affaire et fair échoir le Prince de ses espérances. En troisième lieu, parceque, n'étant point en posture assez formidable pour en imposer à ses envieux par la réalité de sa puissance, il court risque de perdre avec honte ce qu'il pourrait céder avec modération. Mais d'un autre côté, comme rien ne presse dans le moment présent, je crois que ce serait mal conseiller le prince royal de Suède que de lui faire précipiter ces cessions dans un temps où rien ne paraît indiquer que la nécessité l'y oblige, que les combinaisons de l'Europe changent à tous moments, qu'une révolution en Russie peut détruire tout le système du Danemark, et qu'enfin la paix générale, qui paraît plus proche que jamais, pourrait consolider le système de l'Europe de façon qu'aucune puissance ne songeât, de longues années, à la troubler.

De tout ce que je viens de vous dire, il résulte que je puis me charger de proposer au prince royal de Suède la renonciation de Sleswig, si le Danemark s'en contente, mais que, pour la proposition du Holstein, elle me semble si contraire au prince royal de Suède, et les circonstances si peu pressantes que, comme son ami, son parent et son allié, je n'oserais me charger de la lui faire goûter.

Au reste, vous connaissez les sentiments d'estime que j'ai pour vous, et que les témoignages de votre attention pour moi ne me seront jamais indifférents. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


2783. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam, 1er octobre 1747.

Pour que vous soyez à même de répondre au marquis de Valory aux propos qu'il vous a faits touchant la prétendue marche des troupes