2143. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Berlin, 1er février 1746.

J'ai bien reçu la relation que vous m'avez faite le 18 de ce mois. On ne se trompe point en Angleterre, si l'on juge de ma façon de penser que je regarde dorénavant les intérêts de la Grande-Bretagne et même de la Hollande comme inséparables des miens pour le bien de l'Europe; aussi assurerez-vous, là où il faut, que ce sera de bien bon cœur que j'emploierai mes bons offices, autant qu'il me sera possible, pour rendre la paix générale, et que je m'estimerais bien heureux, si je pouvais contribuer à la pacification de l'Europe; mais que, si on veut s'attendre à des secours réels de ma part, je crois que je vous ai assez instruit de mes intentions par la dernière dépêche que je vous ai faite sur ce sujet-là.20-2 Cependant pour que je sois d'autant mieux au fait sur la façon de penser de l'Angleterre par rapport aux conditions d'une paix générale, mon intention est que vous deviez chercher une occasion convenable afin de sonder milord Harrington sur la manière qu'il croyait qu'on pourrait parvenir à une pacification générale, et s'il n'y avait pas moyen d'y parvenir aux conditions suivantes, savoir que la France abandonnerait tout-a-fait le Prétendant; qu'on rendrait à la France le<21> cap Breton; que la France rendrait Gand et Ostende; qu'on donnerait à l'infant Don Philippe Parme et Plaisance; que le commerce des Anglais dans l'Amérique espagnole soit continué encore pour un terme de quinze ans, de la même manière qu'il avait été avant la dernière guerre avec l'Espagne.

Vous remarquerez attentivement de quelle manière milord Harrington s'expliquera sur toutes ces conditions-là, et en cas qu'il n'en fût tout-àfait content, vous lui demanderez s'il ne voulait pas s'expliquer cordialement sur les conditions que l'Angleterre souhaitait pour parvenir à une pacification générale; que vous n'en feriez jamais d'autre usage que de me le mander, et que de mon côté je travaillerais alors de mon mieux et autant qu'il me le serait possible, pour les faire goûter de la France, et que de cette façon-là on pourrait parvenir à régler des conditions préliminaires de paix qui conduiraient alors à une pacification générale, et que je m'estimerais infiniment heureux, si j'en pouvais être l'instrument. J'attends votre relation sur tout ce que dessus, me remettant, au reste, sur votre savoir-faire, afin que si ma proposition n'est pas goûtée, je ne sois commis en aucune manière avec qui que ce soit, et que tout se fasse en secret.

Federic.

Nach dem Concept.



20-2 Vergl. Nr. 2136. 2140.