2144. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 1er février 1746.

J'ai bien reçu les relations que vous m'avez faites le 14 et le 17 de ce mois. Content que je suis de la conduite que vous avez tenue envers la cour où vous êtes, je veux bien vous dire que, quant à la médiation de la paix dont, selon vous, on souhaite en France que je me charge, vous conviendrez aisément qu'avant que j'y puisse procéder, il faudra absolument que je sois positivement instruit des conditions et de l'ultimatum que la France demande pour faire sa paix, puisque sans cela je n'irais qu'à tâtons et courrais risque de travailler contre le gré et contre l'intention de la France. Mon intention est donc que vous deviez prendre l'occasion d'en parler confidemment au marquis d'Argenson, en lui insinuant que, si c'était l'intention sincère de la France que je dusse me charger de la médiation susdite, je m'en chargerais avec plaisir, et que j'y travaillerais de bien bon cœur, autant qu'il me serait possible, pour aider à la pacification générale, mais qu'il était alors nécessaire que je sois préalablement instruit des intentions de la France, sur quelles conditions elle voudrait avoir la paix, et sur son ultimatum. Vous ne manquerez de me mander de quelle manière le marquis d'Argenson s'expliquera là-dessus envers vous, mais il faut que je vous répète encore que, si la France désire sincèrement que je me mêle de cette affaire, il ne faut point qu'elle s'explique d'une manière<22> vague, mais de la façon la plus positive, afin que j'y puisse tabler et m'en expliquer en conséquence avec l'Angleterre.

Federic.

Nach Abschrift der Cabinetskanzlei.