2146. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE EICHEL A BERLIN.

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Mardefeld berichtet, Petersburg 18. Januar: „Les officiers des régiments qui devaient marcher d'ici ont eu ordre de vendre leurs chevaux, dont ils ne peuvent pas avoir la moitié de l'argent qu'ils avaient coûté, en sorte que les officiers ne crient pas mal contre celui qui est cause de la dépense qu'ils ont été obligés de faire inutilement. L'augmentation de la capitation fait encore murmurer davantage, de même que la levée inattendue des recrues, et l'on se plaint assez hautement que, dans le temps que tous les voisins sont en paix, l'on fasse sans nécessité et par ostentation des préparatifs de guerre coûteux qui n'aboutissent à rien. L'on m'a détaché plusieurs personnes pour me sonder si Votre Majesté avait dessein de Se venger de la démarche que la cour d'ici avait faite en envoyant des troupes en Courlande. Je leur ai répondu que je croyais pouvoir présumer avec fondement qu'une telle pensée ne Lui était point venue, étant persuadée de l'amitié inaltérable de l'Impératrice, et qu'elle n'avait jamais eu l'intention de L'offenser, sachant

[Berlin, 5 février 1746].

C'est donner à une mauvaise affaire une bonne tournure; il faut qu'il continue sur ce ton-là; peut-être que. le public, outré contre Bestushew, nous servira mieux que nous le pourrions faire nous-mêmes. S'il peut, sans se commettre, le culbuter, il n'en doit pas négliger l'occasion, car cet homme sera mon ennemi, tant qu'il sera en charge.

Pour moi, je ne traite point l'armement de la Russie en bagatelle; il doit approfondir à quel dessein tout cela se fait; on ne dépense pas de millions pour une simple ostentation; pourquoi toute cette artillerie, ces galères, et ce corps de troupes à Smolensko? Si tout cela va se rendre en effet aux endroits marqués, je ne puis plus

outre cela que le Grand-Duc et son épouse étaient entièrement portés pour Ses intérêts, de même que la plus grande partie de la nation, et que pour mon particulier j'avais toujours été de l'opinion que les troupes russiennes ne s'étaient arrêtées dans la Courlande que pour assister Votre Majesté en cas qu'il Lui fût arrivé quelque désastre, nonobstant le bruit ridicule qui avait couru. Au reste il est certain qu'on craint extrêmement le ressentiment de Votre Majesté.“

22. Januar: „L'ordre a été renouvelé de travailler sans relâche à l'équipement de la flotte et à mettre en bon état un grand nombre de galères. Il y doit avoir dans peu en Livonie et en Courlande 45,000 hommes, sans compter ceux qui s'assembleront aux environs de Smolensko et parmi lesquels il y aura 15,000 troupes irrégulières, à ce qu'on dit, et un gros train d'artillerie est en chemin de Moscou à Riga, et celle qui est ici doit aussi se tenir prête pour pouvoir se mettre en mouvement au premier avertissement. Quelques ministres étrangers paraissent inquiets de ce grand mouvement: moi, je ne le suis certainement pas.“

douter que la Russie ne veuille m'attaquer, le printemps qui vient, sans que j'en puisse imaginer ni le prétexte ni le but. Mardefeld doit avoir beaucoup d'attention sur le mouvement des troupes, pour que je sois averti à temps des arrangements que la nécessité m'obligera de prendre. D'ailleurs, je dois l'informer que les Autrichiens envoient des troupes au Rhin et en Italie, et que les Saxons, sans subsides, ne sont pas en état d'agir. Qui me déchiffre ce problème?

Par estafette, cito.

Federic.

Nach der eigenhändigen Aufzeichnung m dorso der Bericnte. Demgemaess Immediaterlass an Mardefeld, d. d. Berlin 5. Februar.