2193. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 16 avril 1746.

Le marquis de Valory s'avisa ces jours passés de demander à un de mes ministres si c'était de mon sérieux de vouloir la paix; que l'on en doutait en France, sur ce qu'on était averti que dans le même temps que j'avais fait dire à sa cour que je m'étonnais de la modestie de ses propositions par rapport aux conquêtes des Pays-Bas, j'avais aussi fait insinuer aux États-Généraux qu'ils n'avaient qu'à tenir ferme pour obtenir de meilleures conditions de paix que celles que la France leur avait d'abord offertes.

Je me doute d'où le coup part. Il ressemble trop aux artifices ordinaires de la cour de Dresde, ou peut-être du marquis de Stainville, pour lui chercher une autre origine. Vous ne laisserez pourtant pas de vous en informer plus précisément auprès du marquis d'Argenson, en lui faisant part du discours du sieur de Valory, et de traiter l'avertissement en question de calomnie atroce et d'imposture grossière; que j'en pourrais hardiment appeler au témoignage des Hollandais mêmes, que je croyais trop honnêtes gens pour me prêter des insinuations infiniment éloignées de mes sentiments, toute mon attention ayant été de leur en inspirer de pacifiques et de les détourner des résolutions violentes et extrêmes que d'autres tâchaient de leur inspirer.

Federic.

H. Comte de Podewils. C. W. Borcke.

Nach dem Concept.

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