2201. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 20 avril 1746.

On vient de m'apprendre que non seulement le corps de troupes que les Russes ont assemblé à Smolensko s'est mis en marche vers la Livonie, après qu'on en a demandé le passage libre par la Pologne, mais qu'aussi le premier train de l'artillerie pesante est actuellement arrivé à Riga, avec beaucoup de pontons, et que les deux autres trains d'artillerie sont actuellement en chemin de Pétersbourg vers Riga. On me marque de plus qu'on fait faire un grand magasin à Riga et qu'on augmente considérablement ceux qui sont en Courlande d'avec toutes sortes de grains.

Voilà des marques peu équivoques à qui les Russes veulent par leur armement, et qui ne laissent guère douter qu'on veut tout de bon dégainer contre moi.

Comme il faut absolument que je sois instruit à présent si les Russes veulent à moi ou non, je vous envoie ce courrier, afin que vous<67> vous puissiez expliquer nettement là-dessus par la réponse que vous me ferez par lui.

S'il est sûr et point du tout plus à douter que la Russie me veut entamer, vous ne devez plus tarder de faire les tentatives nécessaires auprès du ministre malintentionné d'acheter la paix de lui, de la manière que je vous ai dit dans la dépêche que votre valet de chambre vous aura rapportée de ma part.

S'il n'est point possible d'avoir la paix par ce moyen-là et que la Russie veut absolument dégainer, alors il y a deux choses à faire qui me sont d'une fort grande importance; c'est

1° Que vous pensiez absolument à une révolution à faire en faveur de qui elle puisse être;

2° Que vous tâchiez s'il est possible de me chercher des gens qui en cas de guerre me puissent avertir de ce qui se passe auprès de l'armée russienne et qui me servent d'espions.

Au reste, vous me renverrez au plus tôt le porteur de cette lettre, qui est instruit d'observer chemin faisant tout ce qui se passe en Livonie par rapport aux troupes russiennes.

Federic.

Nach dem Concept.