2262. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Oranienburg, 6 juillet 1746.

Vos relations des 21, 24 et 28 du mois de juin passé m'ont été rendues à la fois. Comme je vous ferai savoir mes intentions, concernant les différentes matières y comprises, par mes ministres du département des affaires étrangères, je n'ai qu'à vous dire que je trouve fort inconsidérée la réponse que vous avez donnée à milord Harrington, lorsque celui-ci vous a parlé de la nouvelle de la bataille donnée en Italie entre l'armée autrichienne et celle des Français et ses alliés,121-1 et le silence que ledit Milord a tenu là-dessus, vous aurait dû faire assez remarquer combien il a été révolté de votre étourderie, fort malséante à un ministre d'une puissance neutre;121-2 aussi vous ordonné-je de mieux penser, à l'avenir, à ce que vous dites et faites, et de paraître plutôt<122> tout-à-fait indifférent dans de pareilles occasions et ne pas vous en mêler ni en noir ni en blanc. Au reste, il m'a paru que vous avez témoigné un peu trop d'appréhension dans les entretiens que vous avez eus avec milord Harrington concernant les armements de la Russie. Il est vrai que je suis fort satisfait de la déclaration que Milord vous a faite à cette occasion, que l'Angleterre exécuterait avec ponctualité tous les engagements pris avec moi, mais il faudra vous garder soigneusement de faire paraître de grandes alarmes et des appréhensions, lorsque vous parlez sur la Russie, pour ne pas donner lieu à croire que nous craignions infiniment cette puissance; au contraire, vous vous expliquerez toujours avec dignité, et point du tout d'une manière timide et craintive, aussi souvent que vous parlerez sur ces affaires-là.

Federic.

Nach dem Concept.



121-1 16. Juni bei Piacenza.

121-2 Andrié berichtet, 28. Juni: „Harrington m'ayant parlé en passant, ce matin, de cette nouvelle, je lui ai répondu que cet événement n'empêcherait pas l'infant Don Philippe d'avoir un établissement en Italie, moyennant la paix de l'Angleterre avec l'Espagne, et que j'étais persuadé qu'il pensait comme moi. C'est à quoi il n'a pas trouvé à propos de répliquer.“