2288. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Potsdam, 21 juillet 1746.

J'ai reçu la relation que vous m'avez faite en date du 16 de ce mois; j'espère que la communication que je vous ai fait faire d'une dépêche qui m'est venue de la France, vous aura désabusé de l'opinion où vous avez été, comme si le traité entre la Saxe et les deux couronnes n'aurait plus lieu, et vous aura appris que non seulement c'est une affaire faite et conclue que le traité entre la France et la Saxe, mais que même celle-ci en a déjà tiré de bonnes sommes. Vous trouverez ci-clos les 83 écus que vous avez dépensés pour payer les copies des opéras que vous m'avez envoyées. Il est vrai qu'il n'y a que la France seule qui a fait le traité des subsides avec la Saxe, et qu'on n'a pas voulu dire jusqu'ici à l'Espagne qu'il était fait, pour arracher de la dernière, s'il était possible, pour le roi de Pologne quelque argent de plus<144> que celui que la France lui a promis; mais il n'y a rien de plus vrai que ce traité a été signé dans le mois d'avril passé par le comte de Loss pour trois ans, et que les subsides vont à 200,000 ducats par an, à compter du 1er de janvier de cette année, dont la Saxe a tiré déjà la moitié d'une année. C'est ce que je ne vous dis pourtant que pour votre direction seule et dans le dernier secret; si cependant vous pouvez trouver occasion de faire insinuer par la troisième ou la quatrième main, et sans que vous y paraissiez aucunement, aux ministres d'Angleterre et de Hollande et même de l'Autriche qu'il y avait des avis certains que la cour de Dresde avait conclu son traité des subsides avec la France dans le mois d'avril, et en avait déjà la moitié, je ne vous défends pas de le faire, pourvu que vous le fassiez avec précaution de la manière que je vous l'ai dit.

Je viens de savoir, à n'en pouvoir pas douter, qu'il est vrai qu'il y a un traité conclu entre les cours de Pétersbourg et de Vienne, mais qu'il n'est autre que purement défensif; de plus, je suis informé que la conduite que la Russie tient depuis quelque temps, n'est qu'un jeu de la cour de Vienne, qui a même contribué aux frais que la Russie en a été obligé de faire pour me tenir en échec, afin que je ne puisse faire quelque nouvelle diversion en faveur de la France, pendant que la cour de Vienne envoie la plus grande partie de ses troupes en Italie et en dégarnit toute la Bohême, la Moravie et l'Autriche. Voilà tout ce que j'ai à vous dire cette fois pour votre direction et pour vous mettre d'autant mieux au fait, afin d'approfondir de plus en plus les allures et les menées de la cour où vous êtes, ce que vous ne discontinuerez point de faire avec toute l'attention possible.

Federic.

Nach dem Concept.