2306. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 16 août 1746.

J'ai reçu votre dépêche du 6 de ce mois. Quant aux nouvelles liaisons entre les cours de Vienne et de Pétersbourg, je me confirme de plus en plus dans le sentiment que j'en ai toujours eu, savoir qu'elles ne sont que purement défensives, et que le remuement que la Russie a fait jusqu'ici, n'est qu'un jeu concerté par la cour de Vienne et peut-être par celle de Londres, pour me détourner par l'ostentation des forces russiennes de rentrer en guerre en faveur de la France. On veut même m'assurer que la reine de Hongrie a fourni à la Russie quelques fonds en argent pour l'aider à soutenir cette ostentation-là; circonstance que vous tâcherez à approfondir là où vous êtes, afin de pouvoir me mander ce qui en est, et comment et par quelle voie on a remis cet argent en Russie.

Il y a des nouvelles qui marquent qu'au milieu de ce mois un corps de troupes russiennes devrait entrer en Pologne. S'il y a de la réalité dans ce fait, il se peut bien que la cour de Vienne soit convenue avec celle de Pétersbourg, afin que celle-ci fasse marcher quelque corps de troupes comme auxiliaire de la reine de Hongrie vers le Haut-Rhin, pour se joindre aux troupes autrichiennes qui vont s'assembler là, et que c'est la raison pourquoi Robinson vous a parlé d'un passage de troupes russiennes par mes États. J'approuve fort la réponse que vous lui avez faite sur ce sujet. Au reste, la mauvaise humeur où Robinson paraît être souvent contre moi, n'est apparemment qu'un reste du dépit et du mécontentement qu'il eut, lorsque dans la première guerre de Silésie il vint à mon armée me faire des propositions de paix à des conditions inacceptables, et que je le refusai tout court.

Federic.

Nach dem Concept.