2320. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 31 août 1746.

Mon cher Podewils. Vous jugerez aisément combien j'ai dû être choqué de la déclaration arrogante que la cour de Vienne a fait à votre neveu, tant par rapport au nommé Henckel qu'au sujet de l'élection faite depuis assez de temps du prélat du chapitre de Saint-Mathieu à Breslau.

Comme je ne souffrirai jamais que la cour des Vienne osât se mêler soit en blanc soit en noir de l'intérieur de la Silésie, mon intention<170> est que vous devez instruire votre neveu avec force et avec dignité sur les mémoires en question, à peu près de la manière qui suit : que, quant au nommé Henckel, il était connu que cet homme non seulement était sujet de moi, mais qu'il avait commis son crime atroce lorsqu'il avait été actuellement en mon service; et, bien que selon la rigueur des loix son crime devrait rejaillir sur ses enfants, que j'avais cependant pardonné à ceux-ci. Quant à ses terres, qu'il avait possédées dans ma Silésie, jamais terres n'avaient pu être confisquées avec plus de droit que les siennes, mais qu'actuellement elles n'étaient pas confisquées, et que la cour de justice les avait dévolues aux créanciers de Henckel, et qu'elles ne suftisaient même pas à satisfaire aux créanciers qui y étaient hypothéqués. Que l'Impératrice-Reine avait usé bien autrement envers ses sujets de Bohême et du Milanais qu'elle avait cru coupables envers elle, et que je n'avais pas usé de la même rigueur envers Henckel, bien que j'aurais été en droit de le faire. Que d'ailleurs il ne convenait pas à la cour de Vienne de vouloir faire consister la paix de Dresde dans les interprétations qu'elle prétendait d'en faire, et que ce serait en tout cas l'Angleterre, comme garante de cette paix, qui en pourrait juger.

Que sur ce qui était de l'affaire de l'élection du prélat du chapitre de Saint-Mathieu, il ne convenait absolument pas à la cour de Vienne de s'en mêler, chose à laquelle elle était si peu fondée comme si je voulais m'arroger à me mêler de l'élection d'un évêque d'Olmütz, et qu'en conséquence je faisais fort prier Messieurs les ministres de Vienne de n'en plus parler, puisqu'on n'y ferait aucune réflexion. Qu'au surplus l'élection en question était d'autant plus fondée qu'on y avait suivi les mêmes procédures qui avaient été en usage du temps de feu l'empereur Charles VI; mais qu'une fois pour toutes, si le ministère voulait présenter dorénavant de pareils mémoires ou faire des plaintes sur de pareilles choses, l'on se contenterait de ne leur pas répondre du tout.170-1 Qu'on ne pouvait d'ailleurs s'empêcher de leur témoigner en même temps de quelle manière j'ai été fâché de voir combien la cour de Vienne regimbait de vivre en bonne intelligence avec moi, par tous les sujets de noise qu'elle tâchait de jeter en avant, et par le tour qu'elle prenait pour éluder à rendre commissoriale la garantie de l'Empire sur la paix de Dresde; mais ce qui m'était le plus sensible dans tout cela, c'était de voir que la bonne disposition que j'avais eue de<171> resserrer étroitement la bonne amitié qui subsiste entre nous, ne pourrait pas manquer de se refroidir, si le ministère de Vienne employait tout son temps pour me faire des chicanes; que c'était une triste occupation pour les ministres de l'Impératrice-Reine de s'occuper à chicaner avec un prince voisin qui n'avait eu d'autre intention que de vivre en bonne amitié et en bonne harmonie avec leur souveraine; mais que, s'il n'y avait autre moyen, on les laisserait crier tant qu'ils voudront, sans y faire plus d'attention.

Je laisse à vous d'arranger tout cela pour en faire une réponse aussi modérée que nerveuse; et s'il y a encore dans vos papiers quelques circonstances dont vous puissiez vous servir pour rendre cette réponse d'autant plus solide, vous n'oublierez pas d'en faire usage. Vous examinerez aussi avec soin qu'il n'y entre quelque chose que la cour de Vienne puisse retorquer à nous.

Au surplus, ma volonté est que vous deviez faire alors un extrait et le donner au sieur de Villiers, pour que celui-ci le puisse communiquer à milord Harrington et lui faire des insinuations convenables là-dessus. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



170-1 Eichel fügt in einem Privatschreiben an Podewils (31. August) hinzu; „So viel den Punkt wegen der Prälatenwahl von dem Stift St. Matthiä anlanget, … erinnere ich mich zurück, ehedem und zur Zeit da Ew. Excellenz mit dem Lord Hyndford wegen des breslauer Friedens negociiret haben, eine Declaration von letzterem gegen Ew. Excellenz gelesen zu haben, worin dieser versichert, dass, ob zwar der wienersche Hof darauf insistirte, der Articul, betreffend die katholische Religion in Schlesien und die Maintenirung der Freiheiten von Schlesien und denen Préliminaires mit inseriret werde, dennoch solches nur lediglich par manière d'acquit geschehe, und der wienersche Hof sich niemalen ni en noir ni en blanc von dem Intérieur von Schlesien meliren würde noch wollte.“