2362. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

[octobre 1746].

J'ai reçu la dépêche que vous m'avez faite en date du 23 du septembre passé, et les réponses que vous avez faites aux insinuations du marquis d'Argenson, ont été parfaitement conformes à ma façon de penser. Vous devez remercier ce ministre des assurances du parfait concert avec lequel les ministres de France à Varsovie doivent agir avec mon ministre que j'y ai, et des autres confidences qu'il m'a fait faire par vous. Quant à la bonne intelligence que le marquis d'Argenson souhaite être remise entre moi et la cour de Dresde, vous devez lui insinuer que je me dormais actuellement toute la peine possible à cet égard-là, puisque je comprenais moi-même qu'il était de mon intérêt de<203> m'entendre avec ladite cour, et que je ne ménagerais ainsi ni argent ni soin pour renouer avec la Saxe; mais vous ajouterez que nonobstant de tout cela je ne pourrais pas encore me flatter d'y réussir. Quant aux intrigues de la cour de Dresde à la diète dc Pologne qui va s'ouvrir, je veux bien vous dire que je n'en suis pas trop embarrassé, et ayant un parti bien fort en Pologne, j'ai lieu de me flatter que la Diète se tournera selon que je le trouverai à propos, sans que je donne des soupçons aux Saxons, et sans causer la moindre jalousie à mes autres voisins. D'ailleurs, jusqu'à présent, je n'ai pas lieu de craindre que la cour de Dresde réussisse dans ses vues.

Ce que je souhaite d'ailleurs, c'est ce que la France ait si peu à craindre des intrigues des Autrichiens et des Anglais que j'ai de celles des Saxons en Pologne; mais j'avoue franchement que, plus j'y pense, plus je suis frappé de ce que les Français ont abandonné les Génois, avec leur banque, leurs trésors et leurs autres ressources infinies, à la discrétion des Autrichiens, puisqu'on leur donne par là non seulement toute la campagne, mais leur fournit encore de quoi soutenir commodement toute la guerre.

Federic.

Nach dem Concept.