2374. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 15 octobre 1746.

Mon cher Podewils. En vous renvoyant ci-clos le billet que le marquis de Valory vous a écrit sur le sujet dont vous m'avez fait votre rapport en date du 13 de ce mois, je vous dirai que vous devez répondre au marquis de Valory que, si j'étais en terme d'une bonne amitié avec les Anglais, je pourrais employer sans difficultés mes bons offices à la cour de Londres en faveur des officiers écossais dans le service de France, prisonniers en Angleterre, mais que l'amitié et la bonne intelligence où je vivais avec la France, aliénait tellement les Anglais de moi que l'on se trompait fort, si l'on croyait en France que mes représentations à cet égard seraient de quelque effet; que d'ailleurs je ne saurais imaginer le moindre prétexte qui me mît à même de pouvoir me mêler de cette affaire; qu'on n'avait qu'à se souvenir<210> des suites fâcheuses que la lettre de l'ambassadeur hollandais van Hoey210-1 avait causées, et de considérer alors si mon intercession serait d'un meilleur succès et si je n'avais pas toute la raison du monde de ne pas m'embarquer dans une affaire dont je savais d'avance qu'elle n'aboutirait absolument à autre chose sinon qu'à me commettre avec les Anglais. C'est ce que je ne trouvais pas de ma convenance dans les circonstances où je me trouve actuellement. Vous devez insinuer tout cela au marquis de Valory dans les termes les plus doux et les plus polis que vous saurez imaginer. Au reste, vous devez lui faire de ma part un compliment convenable sur tous les services distingués que l'ambassadeur de France en Suède, le marquis de Lanmary, a bien voulu rendre, par ordre de sa cour, au Prince-Successeur, et vous y ajouterez quelque compliment sur le sujet du marquis de Lanmary. Sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



210-1 Vergl. S. 196.