2441. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Berlin, 2 décembre 1746.

Après avoir vu tout ce que vous m'avez mandé touchant le projet d'un traité d'alliance défensive entre la France, la Suède et moi que le<251> marquis de Valory vous a communiqué, et que je vous renvoie ci-clos, je vous dirai que vous répondrez audit marquis de Valory que j'étais bien aise de ce que la France voudrait faire faire par son ministre en Suède des insinuations pour que celle-ci accélérât la prompte conclusion d'une alliance défensive avec moi, et que la France pourrait se résoudre de payer à la couronne de Suède, en faveur de cette alliance, un certain subside annuel; mais que je ne pourrais tout-à-fait goûter la condition que la France y voulait ajouter, savoir qu'elle entrât en cette alliance comme partie principale contractante, de sorte qu'on en ferait dès à présent un traité de triple alliance; puisque, premièrement, on donnerait absolument par là une jalousie extrême à la Russie, qui s'imaginerait qu'il y avait bien d'autres choses cachées sous ce traité-là, et qui pourrait aller par là à des extrémités. En second lieu, que, si la France voulait entrer dès à présent en cette alliance comme partie principale contractante, elle y réussirait bien difficilement, par les grandes oppositions que les factions anglaise et russienne en Suède, et même la plupart de ceux du bon parti, ne manqueraient pas d'y faire; et qu'en conséquence de tout cela la France trouverait moins de difficultés et plus d'avantages, si elle n'entrait pas d'abord en cette alliance, mais qu'on la fît, sans nommer expressément la France, en y ménageant quelque article en termes tout-à-fait généraux pour l'accession des puissances qu'on pourrait inviter avec le temps d'un concert commun.

Voilà ce que vous ne manquerez pas de répondre au marquis de Valory, dans des termes les plus polis et les plus convenables. Sur quoi, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.