2456. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 13 décembre 1746.

La dépêche que vous m'avez faite en date du 3 de ce mois, m'a été bien rendue. Vous n'aurez pas de la peine à vous figurer combien j'ai été peu édifié de la réponse qu'on vous a donnée sur votre dernier mémoire touchant la garantie de l'Empire du traité de Dresde,263-1 parceque, sous un grand et pompeux galimatias de paroles, on revient toujours à vouloir m'obliger à des choses auxquelles je ne condescendrai jamais; je me remets sur cela à ce que je vous ferai répondre par le département des affaires étrangères. En attendant, si la cour de Vienne prend ombrage des bruits qui courent là où vous êtes, que j'étais sur le point de rompre de nouveau avec l'Impératrice-Reine, vous n'avez qu'à dire effrontément aux ministres qu'ils savaient eux-mêmes que tout ce que je prétendais à la charge de leur souveraine n'était que d'accomplir l'obligation où elle s'était mise par le traité de Dresde, savoir de me faire avoir les garanties qui y sont stipulées, et surtout celle de l'Empire; qu'il ne dépendrait ainsi que d'eux-mêmes de me satisfaire là-dessus, et qu'ils se procureraient par là toute la tranquillité qu'ils pourraient désirer.

Quant aux plaintes qu'on a faites dans la réponse susdite au sujet de mon ministre en Angleterre, le sieur Andrié, comme s'il avait secrété sa négociation par rapport à la garantie que la Grande-Bretagne m'avait donnée de nouveau sur la Silésie et le comté de Glatz, au ministre autrichien à Londres, le sieur de Wasner, vous direz, encore, effrontément aux ministres de la cour de Vienne que c'était la seule négociation de garantie où nous avions jusqu'ici réussi, uniquement parcequ'ils n'en avaient pas été mêlés, et qu'on ne saurait que penser des assurances<264> qu'on trouvait à la fin de la réponse susdite: « que leur souveraine se faisait un véritable point d'honneur d'être esclave de ses paroles », aussi longtemps qu'on n'aurait pas accompli les engagements les plus solennels qu'on avait stipulés dans le traité de Dresde. Enfin, je crois que vous ferez fort bien de parler d'un ton haut à ces gens sur cet article-là, pour qu'ils ne se fassent pas l'illusion de nous vouloir mener par le nez.

Je n'ai point d'autres nouvelles de la Turquie que celles que vous me mandez; mais si les Turcs devaient remuer ou même rompre avec la cour de Vienne, je suis persuadé qu'elle filera bien plus doux et viendra même à rechercher mon amitié. Le général Bernes n'a parlé jusqu'ici d'aucune affaire. Nous le verrons venir, et ce ne sera sûrement moi qui commencera à parler.

J'ai parlé au major Lentulus;264-1 il n'est pas encore assez en correspondance avec l'homme que vous me nommez, mais il va préparer ses batteries. J'ai oublié à vous dire, concernant les lustres du feu prince Eugène qui sont à vendre, que vous m'en devez envoyer des desseins et y faire marquer la grandeur de chaque pièce, afin que je puisse juger par là s'ils me conviennent ou non.

Federic.

Nach dem Concept.



263-1 Vergl. S. 258 Anm. 2.

264-1 Vergl. S. 257.