2479. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Berlin, 29 décembre 1746.

J'ai reçu, avec votre dépêche du 13 de ce mois, celles que le comte de Finckenstein m'a faites encore en date du 13 et du 16 de décembre.<278> Sur lesquelles je vous dirai que, si la France ne veut absolument se désister d'être comprise comme partie contractante dans mon alliance à faire avec la Suède, vous devez plutôt laisser tomber toute cette négociation que de permettre que la France y soit partie contractante. Ce que je vous recommande bien fort. Voici de mot en mot ce qu'on vient de me mander de Pétersbourg. On m'a assuré positivement que les galères russiennes se trouvent à Friedrichsham, et qu'elles y hiverneront; il est certain que la fermeté des Suédois a renversé le projet du Chancelier de diriger moyennant lesdites galères la Diète de ce royaume suivant ses vues, et je suis persuadé que, si la Suède continue à se conduire sur le même pied, elle n'aura rien à craindre de la Russie, malgré la mauvaise volonté du premier ministre. Vous ne laisserez pas d'informer de ce passage les principaux du comité secret, en ajoutant qu'ils verraient par là le bon succès qu'avait eu la fermeté qu'ils avaient tenue jusqu'ici, et que, s'ils continuaient à tenir ferme, ils feraient sûrement échouer le projet du comte de Bestushew de diriger à sa fantaisie la Diète; que d'ailleurs ils n'auront pas à craindre que la Russie employe la force contre eux; au contraire, en marquant une fermeté décente, on s'en ferait considérer et même respecter de la Russie, qui avait de puissantes raisons pour ne pas s'embarquer légèrement dans une guerre, surtout depuis la paix faite entre les Turcs et le schah Nadir, dont le dernier ne se cachait point du mal qu'il voulait à la Russie, en faisant exercer des pirateries contre les Russiens sur la Mer Caspienne.

Au surplus, quelque fâcheuse que soit l'affaire qui est arrivée au coureur du Prince-Successeur,278-1 je suis cependant du sentiment que le meilleur sera toujours de ne la point relever.

Federic.

Nach dem Concept.



278-1 Der Läufer hatte vor dem Hause des Grafen Tessin wiederholt verdächtige Personen angetroffen, nachdem Tessin zuvor von verschiedenen Seiten vor einem Anschlag auf sein Leben gewarnt worden war; bei einem Versuch des Läufers, die Verdächtigen in einen Streit zu verwickeln um sie zur Wache sistiren zu lassen, hatten sie denselben misshandelt und sich dann geflüchtet. (Bericht Finckenstein's vom 16. December.)