2480. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 29 décembre 1746.

La relation que vous m'avez faite le 13 de ce mois, m'a été rendue. Il n'y a rien de plus vraisemblable que ce que vous avancez par rapport aux Suédois, savoir que leur fermeté fera échouer le projet du comte de Bestushew de diriger à sa fantaisie la Diète, et qu'ils n'auront pas à craindre que la Russie emploie la force contre eux. Aussi, mes avis de Suède sont que, selon toutes les apparences, on y tiendra ferme et qu'on sollicitera avec décence le rappel du sieur de Korff.

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Je voudrais que vous m'eussiez détaillé un peu plus que vous ne l'avez fait, les pirateries que le schah Nadir doit faire exercer contre les Russiens sur la Mer Caspienne, afin que j'en eusse pu faire mes conjectures sur les suites qui en pourraient résulter. Il est nécessaire que vous soyez bien attentif sur tout ce qui peut se passer par rapport aux affaires de Turquie et de la Perse. On présume ici que le voyage de l'Impératrice à Riga n'aura lieu qu'à la fin du février. Si elle ne se fait pas accompagner dans ce voyage des deux Chanceliers, celui qui restera à Pétersbourg sera le moins favorisé.

On m'assure que, s'il y a des troupes irrégulières dans la Livonie, il faudrait qu'elles y soient rentrées depuis peu de temps. S'il est vrai qu'on renvoie les chevaux de bagages, c'est une preuve que les régiments ne marcheront pas. Vous devez pourtant bien examiner ces sortes de nouvelles et être toujours extrêmement attentif, quoique sans vous faire remarquer, sur les moindres mouvements de troupes et sur tous les arrangements qu'on prend en égard du militaire.

Au surplus, vous sonderez, quoique bien délicatement, le comte Woronzow sur le dessein qu'il a de faire revenir le sieur Neplujew et de l'employer à ses vues; vous assaisonnerez toujours vos insinuations de tout ce que vous pourrez imaginer de plus flatteur pour ce comte, en l'assurant qu'en ami véritable de lui, je m'intéressais trop à tout ce qui avait du rapport à lui, pour ne pas craindre quelquefois que son rival ne le prévienne, s'il tardait trop à renverser celui-ci.

Federic.

Nach dem Concept.