2481. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Berlin, 3 janvier 1747.

J'ai reçu vos deux relations en date du 20 et du 23 du mois dernier de décembre. Malgré toutes les raisons que vous me dites dans le post-scriptum chiffré de ces dépêches, touchant le peu de fond à faire sur les conjectures les plus apparentes relativement au gouvernement d'Angleterre, vous ne devez pas laisser de m'en faire pour toutes les affaires qui touchent mes intérêts. Il me suffira toujours que vous m'en fassiez de raisonnables, fondées sur les circonstances présentes; si après cela il arrive des événements qu'il a été impossible de prévoir et qui donnent tout une autre face à ce qu'on a pu conjecturer raisonnablement, je ne vous en condamnerai point et serai toujours content, pourvu que les conjectures que vous avez faites soient propres aux circonstances du moment que vous les avez faites.

Ainsi donc, je prétends de savoir vos conjectures sur le cas suivant, savoir ce que vous croyez que l'Angleterre fera pour moi en cas qu'on parvînt à faire la paix avec la France et que la reine de Hongrie m'attaquât alors; si l'Angleterre remplira alors les engagements qu'elle a pris avec moi relativement à la garantie de la Silésie, ou si elle<280> tâchera plutôt de trouver alors des chevilles pour s'en dispenser, soit en s'excusant de ce que ce n'était pas un casus foederis, ou d'offrir tout au plus ses bons offices pour moyenner un nouvel accommodement. Sur quoi j'attends votre sentiment, fondé sur des conjectures raisonnables, selon la connaissance que vous avez de la façon de penser du ministère présent et des grands de l'Angleterre, de même que de la nation.

Comme il est arrivé depuis peu que la cour de Pétersbourg a fait donner une note, accompagnée d'un résultat du Sénat, à milord Hyndford, pleine, à ce qu'on dit, de termes peu mesurés, portant en substance que, quoique l'impératrice de Russie fût prête à donner à Sa Majesté Britannique en toute autre occasion des marques convaincantes de sa parfaite amitié, elle n'avait pas pourtant pu se dispenser de défendre entièrement le commerce des Anglais avec les Persans, parcequ'on avait fourni au schah Nadir les moyens de construire des vaisseaux de guerre sur la Mer Caspienne, que les Anglais établis en Perse avaient engagé au delà de 200 Russes à se mettre sous la protection du Schah, et maltraité outre cela plusieurs sujets de l'Impératrice — vous devez me mander l'effet que cela aura fait tant sur le ministère que sur la nation anglaise, et si cela sera capable d'altérer la bonne intelligence qu'il y a eu entre les deux cours.

Federic.

Nach dem Concept.