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Je voudrais que vous m'eussiez détaillé un peu plus que vous ne l'avez fait, les pirateries que le schah Nadir doit faire exercer contre les Russiens sur la Mer Caspienne, afin que j'en eusse pu faire mes conjectures sur les suites qui en pourraient résulter. Il est nécessaire que vous soyez bien attentif sur tout ce qui peut se passer par rapport aux affaires de Turquie et de la Perse. On présume ici que le voyage de l'Impératrice à Riga n'aura lieu qu'à la fin du février. Si elle ne se fait pas accompagner dans ce voyage des deux Chanceliers, celui qui restera à Pétersbourg sera le moins favorisé.

On m'assure que, s'il y a des troupes irrégulières dans la Livonie, il faudrait qu'elles y soient rentrées depuis peu de temps. S'il est vrai qu'on renvoie les chevaux de bagages, c'est une preuve que les régiments ne marcheront pas. Vous devez pourtant bien examiner ces sortes de nouvelles et être toujours extrêmement attentif, quoique sans vous faire remarquer, sur les moindres mouvements de troupes et sur tous les arrangements qu'on prend en égard du militaire.

Au surplus, vous sonderez, quoique bien délicatement, le comte Woronzow sur le dessein qu'il a de faire revenir le sieur Neplujew et de l'employer à ses vues; vous assaisonnerez toujours vos insinuations de tout ce que vous pourrez imaginer de plus flatteur pour ce comte, en l'assurant qu'en ami véritable de lui, je m'intéressais trop à tout ce qui avait du rapport à lui, pour ne pas craindre quelquefois que son rival ne le prévienne, s'il tardait trop à renverser celui-ci.

Federic.

Nach dem Concept.


2481. AU CONSEILLER ANDRIÉ A LONDRES.

Berlin, 3 janvier 1747.

J'ai reçu vos deux relations en date du 20 et du 23 du mois dernier de décembre. Malgré toutes les raisons que vous me dites dans le post-scriptum chiffré de ces dépêches, touchant le peu de fond à faire sur les conjectures les plus apparentes relativement au gouvernement d'Angleterre, vous ne devez pas laisser de m'en faire pour toutes les affaires qui touchent mes intérêts. Il me suffira toujours que vous m'en fassiez de raisonnables, fondées sur les circonstances présentes; si après cela il arrive des événements qu'il a été impossible de prévoir et qui donnent tout une autre face à ce qu'on a pu conjecturer raisonnablement, je ne vous en condamnerai point et serai toujours content, pourvu que les conjectures que vous avez faites soient propres aux circonstances du moment que vous les avez faites.

Ainsi donc, je prétends de savoir vos conjectures sur le cas suivant, savoir ce que vous croyez que l'Angleterre fera pour moi en cas qu'on parvînt à faire la paix avec la France et que la reine de Hongrie m'attaquât alors; si l'Angleterre remplira alors les engagements qu'elle a pris avec moi relativement à la garantie de la Silésie, ou si elle