2611. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 22 avril 1747.

La dépêche que vous m'avez faite le 12 de ce mois, m'a été rendue. Je me persuade que vous avez bien jugé lorsque vous doutez que la reine de Hongrie, malgré son aigreur contre moi, dût songer à vouloir m'attaquer dès qu'elle sera débarrassée de la guerre présente contre la France, sans qu'elle soit aidée alors par les subsides de l'Angleterre; et comme il n'y a aucun motif qui dût obliger les Anglais à continuer des subsides à la cour de Vienne après la paix faite avec la France, et que d'ailleurs l'alliance entre cette cour et celle de Russie n'est que purement défensive — comme je sais de science certaine — je présume que je n'ai pas trop à craindre du malin-vouloir de la cour de Vienne, surtout si je puis gagner sans embarras le temps jusqu'à la pacification générale, et que les conjonctures se changent encore un peu plus à ma faveur.

Quant au libelle intitulé Fautes politiques, je conviens avec vous, par toutes les raisons que vous m'en marquez, qu'il serait inutile que vous insistiez plus sur la punition de l'auteur; j'en pourrais même risquer à me commettre réellement avec la cour où vous êtes, si vous insistiez absolument sur la punition du sieur Fritsch,371-2 et que celle-ci s'opiniâtrât à ne pas vouloir me faire justice là-dessus; ainsi donc, vous ferez bien de vous attacher plutôt à tirer quelque satisfaction à l'égard de la brochure même.

Si la cour de Vienne veut encore répliquer à mon dernier mémoire touchant la garantie de l'Empire du traité de paix de Dresde,371-3 nous trouverons de notre part assez de matières pour leur remettre une du<372>plique tout-à-fait solide ; je crains seulement qu'au bout du compte cette guerre de plume ne nous mène à une guerre d'invectives, quand les autres arguments seront épuisés.

Federic.

Nach dem Concept.



371-2 Vergl. S. 178 Anm.

371-3 Vergl. S. 316 Anm.