2656. AU SECRÉTAIRE WARENDORFF A SAINT-PÉTERSBOURG.

Berlin, 30 mai 1747.

La dépêche que vous m'avez faite le 13 de ce mois, m'est parvenue. Il est fort apparent que l'envoi du secours de 30,000 hommes Russes n'aura pas lieu, mais la confidence que l'ami connu vous a faite qu'on n'avait pu convenir des conditions d'un traité de subsides, et que les fréquents envois de courriers ne se faisaient que par ostentation, me confirme dans l'opinion que j'ai toujours eue, que l'antagoniste de l'ami important ne lui communique guère d'affaires d'importance, et qu'il ne lui en donne peu ou point de connaissance sinon lorsque tout est fait, puisqu'il n'y a rien de plus sûr que ce que le traité de subsides entre la cour de Londres et celle de Pétersbourg est autant que conclu. Je viens d'apprendre encore, quoique dans la dernière confidence, une circonstance qui me fortifie dans ces soupçons; c'est ce que, sur les représentations du général Pretlack, le Chancelier a envoyé un ordre secret,<401> signé de la main propre de l'Impératrice, au comte de Keyserlingk, moyennant lequel il est enjoint à celui-ci de ne se laisser point prévenir par les insinuations flatteuses de la cour de Berlin et de n'y ajouter aucune foi, et que, si lui, comte Keyserlingk, pouvait découvrir quelque chose de mes intrigues, comme on s'explique dans cet ordre, ou quelque autre chose d'importance, il devrait alors en faire sa relation immédiatement à l'Impératrice. On ajoute, dans la lettre qui m'a appris cette particularité, que cela s'était fait à dessein pour que le comte Woronzow n'en soit pas instruit. Je veux bien permettre que vous communiquiez cette anecdote à l'ami important, quoique sous le sceau du dernier secret et après avoir tiré de lui la promesse la plus forte de n'en faire aucun usage qui vous puisse commettre avec qui que ce soit. Sur quoi vous devez bien prendre vos mesures.

Federic.

Nach dem Concept.