2669. AU DUC RÉGNANT DE WURTEMBERG A STUTTGART.

Berlin, 10 juin 1747.

J'ai reçu la lettre de Votre Altesse en date de 29 mai dernier, de même que le mémoire y joint, et je suis très sensible à la marque de confiance qu'Elle a bien voulu me donner en me communiquant sans réserve Ses idées sur les tentatives qui se font maintenant pour entraîner dans de certaines mesures les Cercles Antérieurs de l'Empire. Votre Altesse n'ignore point ma façon de penser sur cette matière. Elle sait à quel point je m'intéresse à la tranquillité de la patrie, que c'est à elle que j'ai sacrifié les avantages que les victoires dont le Tout-Puissant bénit mes armes, il y a deux ans, semblaient m'assurer; que le maintien de cette tranquillité est actuellement la principale boussole de mes conseils; que je regarde comme un devoir essentiellement attaché à ma dignité d'électeur, de veiller soigneusement à la conservation du repos de l'Allemagne et d'écarter tout ce qui de près ou de loin peut aboutir à le troubler et à rejeter la patrie dans les calamités dont elle a fait plus d'une fois de funestes expériences. Comme je fais profession ouverte de ce système, même à la face de ceux qui n'y trouvent nullement leur compte, et que j'observe d'ailleurs par le mémoire de Votre Altesse que Sa façon de penser y est exactement conforme, Elle jugera sans peine que je ne saurais Lui conseiller de S'en départir, ni d'entrer<409> dans des sentiers qui pourraient mener Votre Altesse à des issues très scabreuses et La précipiter dans les mêmes inconvénients dont Elle est si justement attentive à Se garantir. Il est certain qu'en Se gouvernant par un principe dont ceux mêmes qui travaillent à le saper ne peuvent s'empêcher de reconnaître la solidité, Votre Altesse ne saurait faillir, ni s'attirer aucun reproche fondé. Quant aux ménagements qu'il conviendra d'observer à cette occasion, pour obvier aux torts et aux préjudices qui pourraient en résulter indirectement aux droits et aux intérêts de Sa maison, Votre Altesse, étant sur les lieux, en décidera infiniment mieux que je ne saurais le Lui suggérer dans l'éloignement. D'ailleurs je connais trop bien Ses lumières pour douter un moment que dans ces occurrences Elle ne prît le parti le plus assortissant aux véritables intérêts de la patrie et de Sa maison, et que, supposé qu'on La réduisît à l'option entre deux maux, Elle n'en choisît plutôt un passager et dont il Lui sera aisé de Se relever, que celui qui pourrait entraîner la ruine de Ses États et de Ses sujets; de sorte que sur cet article je m'en rapporte entièrement à Sa sagesse et à Sa prudence, étant au surplus avec les sentiments d'estime et de considération que Votre Altesse me connaît etc.

Federic.

Nach dem Concept.