2716. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 22 juillet 1747.

Soli. Je ne dois pas vous laisser ignorer quelques anecdotes aussi intéressantes que curieuses, que je viens d'apprendre par un très bon canal, quoique je veuille que vous en deviez garder le dernier secret. C'est que l'impératrice de Russie doit méditer et avoir presque résolu de faire l'hiver qui vient un voyage à Moscou; mais comme cela ne convient point aux vues du Grand-Chancelier et du ministre autrichien Pretlack, ceux-ci se sont concertés de remuer au possible pour rompre ce voyage. En conséquence de cela, le Grand-Chancelier doit avoir écrit depuis peu une lettre au comte Keyserlingk par laquelle il lui doit avoir fait une espèce de reproche de ce qu'il n'avait mandé que tout simplement la prétendue résolution que je dois avoir pris de faire une augmentation considérable parmi mes troupes, sans qu'il l'ait relevée comme une affaire de la dernière conséquence. Il lui doit avoir enjoint, en conséquence, d'observer jusqu'aux moindres de mes démarches et de les peindre toujours, dans les relations qu'il en fera à sa cour, assez noires et d'en tirer des conséquences qui les font envisager bien dangereuses à la souveraine, afin de rompre par là le voyage qu'elle médite de faire à Moscou. L'on m'assure d'ailleurs que le ministre autrichien à Pétersbourg tâche par toutes sortes d'insinuations de faire soupçonner le Vice-Chancelier comme si c'était par son canal que j'étais instruit de toutes les affaires de la dernière conséquence. J'ai cru nécessaire de vous instruire sur tous ces noirs complots, et je vous laisse juger vousmême combien il m'importe que vous m'en gardiez le dernier secret et que vous n'en parliez qu'à l'ami important seul, après avoir tiré de lui sa parole d'honneur qu'il n'en veut faire d'autre usage que pour sa direction seule.

Federic.

Nach dem Concept.