2856. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

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Finckenstein berichtet, Petersburg 18. November: „M. de Wulwfenstjerna s'était flatté de pouvoir assoupir l'affaire de l'audience demandée par le comte de Barck.537-2 et il avait même déjà trouvé moyen de faire goûter ses idées à la cour de Suède; mais le Chancelier, toujours animé contre les Suédois, vient de déranger tout ce projet par une résolution de sa cour au sujet de cette même affaire, qu'il a fait intimer à Wulwfenstjerna. Cette pièce surpasse en impolitesse, j'ose même dire en grossièreté, toutes celles que Korff a remises en Suède … Wulwfenstjerna m'a demandé conseil dans la crise où il se trouve, et je le lui ai donné avec la franchise que méritait la confiance qu'il m'a témoignée. Je crois qu'il a pris le parti le plus sage, pour ne pas compromettre les deux cours, qui est celui de représenter au ministère que, l'audience du comte Barck n'ayant pas eu lieu, et l'affaire n'étant pas censée parvenue à la connaissance de l'Impératrice, il ne saurait recevoir une réponse ministériale, avant que d'avoir demandé les ordres de sa cour.“

Potsdam, 5 décembre 1747.

Les dépêches que vous m'avez faites du 18 du novembre passé, m'ont été bien rendues. Le conseil que vous avez suppédité au sieur Wulwfenstjerna au sujet de l'écrit insolent que le chancelier Bestushew lui a fait remettre, a été fort bon. Si ledit sieur Wulwfenstjerna avait envoyé cette pièce en Suède pendant que la Diète y est encore assemblée, elle n'aurait pas laissé que d'y causer une grande fermentation et aurait occasionné des éclats qui auraient pu commettre les deux cours; ainsi, le moyen dont ce ministre s'est avisé là-dessus, a été des plus sages, et comme c'est uniquement le chancelier Bestushew qui est la cause de toute cette grande animosité de la cour de Russie contre la Suède, j'estime que de la

 

part de celle-ci on fera toujours bien d'user de toute la modération possible à cet égard et de temporiser, puisque le temps de cet homme violent ne pourra durer à la longue, et que, selon toutes les apparences, il se cassera le col avant qu'une ou tout au plus deux années soient écoulées.

La persuasion où vous êtes qu'un refus de la Pologne du passage du corps de 30,000 Russes par ce royaume n'empêchera pas que celuici ne passe outre, lorsqu'une fois il se sera mis en marche, est fort juste; pour moi, je suis moralement persuadé que cette marche existera au mois de janvier ou de février qui vient; la raison qui m'y mène, est que la Russie, ne pouvant soutenir de ses propres fonds l'augmentation de son armée qu'elle a faite en dernier lieu, sera obligée d'accepter les subsides que les Puissances maritimes lui offrent, afin d'être à même de soutenir cette augmentation en troupes, à laquelle elle ne saurait suffire sans des secours étrangers en argent.

Federic.

Nach dem Concept.



537-2 Vergl. S. 501 Anm. 1.