2858. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A DRESDE.

Berlin, 9 décembre 1747.

J'ai bien reçu votre dépêche du 2 de ce mois, et celle du 5, que le chasseur Mechow m'a fidèlement rendue. Les particularités que j'y ai apprises sur différentes affaires, m'ont fait bien du plaisir, et je vous félicite de ce que vous avez trouvé une si bonne dupe que le sieur Williams, de qui vous avez su adroitement tirer des faits et des détails assez curieux; aussi, puisque vous êtes si avant dans sa confidence, j'espère que vous continuerez d'en profiter pour apprendre encore d'autres détails de lui qui me peuvent être intéressants.

Comme les désordres où se trouvent les finances de la Saxe, vont à un point qu'une banqueroute totale paraît inévitable, je veux bien que vous insinuiez adroitement au sieur Wilhams, quoiqu'avec adresse et sans que cela ait l'air comme si je voulais sonner le tocsin contre la Saxe, qu'encore que par le traité de Dresde j'eusse pris mes précautions en faveur de ceux de mes sujets qui avaient en mains des billets à la charge de la Steuer de Saxe, néanmoins, si les affaires de ce pays-là devaient prendre un si mauvais pli que Sa Majesté Britannique pourrait risquer sur les sommes qu'elle avait avancées au roi de Pologne, je n'étais nullement éloigné de faire cause commune là-dessus avec elle et de me concerter en conséquence, pour que nous joignions nos instances à la cour de Dresde, afin que nous soyons satisfaits sur nos prétentions pécuniaires, soit en argent comptant, soit par de bonnes hypothèques en<540> fonds de terre. Vous ne manquerez pas de faire votre rapport de quelle manière le sieur Williams vous aura répondu là-dessus; je serais cependant bien aise si vous pouviez diriger ces insinuations de la sorte qu'il tomberait lui-même dans mes idées, et qu'il s'en ouvrît le premier à vous — ce que je laisse à votre savoir faire.

Au surplus, puisque j'ai des raisons particulières pourquoi je voudrais bien être instruit sur le caractère du comte Esterhazy, que vous avez connu à Dresde comme ministre de la cour de Vienne, vous devez me marquer tout ce que vous savez sur son esprit, sur son humeur, sur sa façon de penser et d'agir, et même sur ses faiblesses. Vous observerez avec cela que vous ne devez faire votre rapport là-dessus qu'immédiatement à moi seul, sans en envoyer des doubles au département des affaires étrangères et sans laisser transpirer quelque chose à qui que ce soit de ce que je vous ai ordonné à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.