2875. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 22 décembre 1747.

La dépêche que vous m'avez faite du 13 de mois, m'a été bien rendue. N'imaginez-vous pas que c'est la cour de Vienne qui a beaucoup contribué à ce que celle de Pétersbourg se soit décidée — comme elle vient de faire effectivement — pour la marche des 30,000 Russes; attribuez plutôt cela aux instances vives que les Anglais ont fait faire sur ce sujet et à l'appât de ses pièces sonnantes; et comme ce sont les Puissances maritimes qui feront toute la dépense qu'il faudra pour ces troupes, il est naturellement à croire qu'elles voudront aussi disposer seules de ces troupes et les mener là où elles le trouveront à propos, sans se soucier beaucoup de l'avis de la cour de Vienne là-dessus.

Je vous sais bon gré des informations que vous m'avez données par rapport aux conditions que la France a proposées pour servir de fondement à la paix, et de la réponse qu'on y a donnée par le lord<551> Sandwich.551-1 Je crois ces informations bonnes et fondées, mais quant aux demandes des Anglais que la France doive restituer toutes les conquêtes qu'elle a faites pendant la guerre présente et céder encore le cap Breton, voilà ce qui est un peu insolent. Au surplus, je suis bien persuadé, moi, que tous les congrès, chipoteries et médiations prétendus qui sont actuellement sur le tapis ou qui le seront encore pendant cet hiver, n'aboutiront à rien, puisqu'aucune de toutes les puissances belligérantes n'est déjà si loin qu'elle se voie obligée de plier devant son ennemi et d'accepter les conditions que celui-ci lui offre.

Au reste, je serais bien aise d'être informé de vous s'il est effectivement vrai que les généraux Browne, Schulenburg et Daun soient nommés feld-maréchaux généraux, puisqu'en cas qu'oui je suis persuadé qu'on laissera le général Bernes à ma cour;551-2 mais si ledit avancement ne s'est point fait, il se pourra bien alors qu'on rappelle celui-ci, pour l'envoyer commander à la Moselle, ou là où l'on mènera les troupes russes. Au surplus, comme je trouve les demandes du nommé Barry trop fortes et qu'il a d'ailleurs assez de monde ici, très bien instruit à élever des mûriers et des vers de soie, vous n'avez qu'à le remercier de ses offres. Quant au nommé Grenet; je vous ferai savoir mes intentions à son sujet à la première ordinaire.

Federic.

Nach dem Concept.



551-1 Vergl. S. 484. 487. 494.

551-2 Vergl. S. 543.