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3092. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 30 mai 1748.

Je suis bien de votre opinion, quand vous dites dans votre dépêche du 20 de ce mois que l'Espagne finira probablement par accéder aux préliminaires de paix d'Aix-la-Chapelle, et cela d'autant plus qu'il y aurait de l'injustice de vouloir frustrer la France de l'aveu qu'on lui doit qu'elle a sacrifié ses intérêts propres dans ces préliminaires, qu'elle n'y a uniquement travaillé que pour y procurer les convenances de ses alliés, et que les avantages réels qui reviennent à l'Espagne par la paix qui doit se conclure moyennant les préliminaires en question, sont effectivement d'aussi grande importance pour elle qu'il me paraît que l'Espagne ne saurait se dispenser d'en être parfaitement contente.

Quant aux cinq statues dont le roi de France veut me régaler,1 j'en suis satisfait, quand même elles ne pourront me parvenir que l'année prochaine.

Federic.

Nach dem Concept.


3093. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 31 mai 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 20 de 'ce mois. Il serait impossible aux Autrichiens de continuer eux seuls à soutenir la guerre en Italie, et supposé que l'envie leur en vînt, ce serait une grande sottise à eux, qui surpasserait de beaucoup toutes celles qu'ils ont faites jusqu'à présent. Pour ce qui est du roi de Sardaigne, il est bien à croire qu'il se conformera aux Puissances maritimes et qu'il ne prendra plus de détour à suivre leur exemple, dès que lesdites puissances lui feront dire qu'en cas qu'il ne voulût pas acquiescer aux préliminaires de paix, il risquerait par là la garantie de ses autres possessions et cessions qui lui ont été faites par la reine de Hongrie.

J'envisage, au reste, ces remuements de la reine de Hongrie et du roi de Sardaigne comme causés par une consternation, à la première nouvelle de la paix, et je m'imagine qu'ils y mettront fin, dès qu'ils verront qu'il n'y a rien à changer au parti qui leur reste à prendre. La cour de Vienne surtout mettra de l'eau dans son vin, lorsqu'elle sentira son impuissance, en voyant que, par le bon accord et la fermeté qu'il y aura entre la France et les deux Puissances maritimes, elle ne pourra exécuter ses desseins envenimés qui peuvent lui être montés en tête, et qui ne sont proprement à regarder que comme une vaine démonstration de ce que la cour de Vienne serait charmée d'être en état de pouvoir faire.



1 Vergl. S. 80.