<168>

3148. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Stettin, 8 juillet 1748.

Le comte Harrach ne se trompe point quand il dit que le nouvel arrangement des finances fera un tort considérable à leur crédit, et moi, je vous prédis que la reine de Hongrie ne s'apercevra bien du vide de ses finances qu'à la cession des subsides anglais. Elle a perdu beaucoup de belles provinces, elle a trouvé ses affaires dans un grand dérangement à la mort de son père; une guerre onéreuse qui a duré huit grandes années y a ajouté le comble; ajoutez à cela l'esprit de vol et de rapine de ses commis, et vous verrez que jusqu'à présent il n'y a que de l'idéal et rien de solide; mais quand même elle aurait une longue paix, soyez persuadé qu'elle serait toujours plus avantageuse à ses voisins qu'à ellemême, sans compter les cas fortuits qui d'un souffle pourront détruire tous ses arrangements, comme une guerre du Turc etc.

Quant à la marche des Russes, je n'y cherche pas tant de finesse, je crois qu'on les enverra en Flandre, et que les Anglais, se méfiant de la bonne foi de la France, veulent les y tenir pour assurer par là l'exécution des articles de la paix qui regardent les évacuations réciproques, et que les Autrichiens en sont bien aises, parceque ce renfort jettera la méfiance dans l'esprit des Français, et que peut-être espèrent-ils encore de rompre entièrement une paix qui, étant contraire à leurs idées, leur paraît odieuse.

Federic.

P. S.

Je viens d'apprendre par un bon canal comme quoi le duc de Newcastle, avant son départ de Londres, s'est laissé échapper au ministre hessois1 que, lorsque la paix serait faite, il fallait aussi travailler à un concert dans l'Empire pour établir la tranquillité sur un pied solide en faveur de la reine de Hongrie. On m'apprend d'ailleurs d'Hanovre que la continuation de la marche des troupes russiennes n'était plus un mystère, et que le roi d'Angleterre en avait parlé à table, ajoutant qu'on ne saurait se fier à la France ; que les ministres d'Hanovre ont voulu faire envisager cette marche comme avantageuse et profitable pour les États par lesquels elle se ferait, les Puissances maritimes payant tout largement, mais qu'ils ne persuadaient point.

J'ai bien voulu vous instruire de tout ceci pour votre direction et pour vous mettre sur les voies, afin d'approfondir plus tout ce qui peut avoir du rapport à ces circonstances.2

Nach dem Concept. Das Concept des Haupterlasses eigenhändig.



1 Alten. Der König erhielt die Nachricht durch Klinggräffen aus Hannover (vergl. Nr. 3149), der sie von dem hessischen Staatsminister von der Asseburg hatte.

2 Dieselbe Mittheilung erhält unter dem gleichen Datum Chambrier in Paris.