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3364. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Finckenstein übersendet, Petersburg 16. November, die folgende, den fremden Ministern am 13. November zugestellte Note:

„C'est par ordre de l'Impératrice qu'on a fait savoir à Leurs Excellences, Messieurs les Ambassadeurs, et aux autres Messieurs les Ministres étrangers, qu'elle est intentionnée d'aller à Moscou et d'y résider une année entière. Mais au cas que la situation présente des affaires générales de l'Europe change de face, Sa Majesté Impériale se propose de revenir ici le plus promptement qu'il se pourra. Cependant il lui serait très agréable si Leurs Excellences etc. voulaient bien la suivre dans son voyage à Moscou.“

Finckenstein bemerkt dazu: „Bestushew a fort bien senti que l'éloignement de la cour pour une année entière ne s'ajustait pas trop bien avec ses démonstrations, et c'est pour énerver les conséquences qu'on en pourrait tirer, qu'il a jugé à propos de faire remettre cette note circulaire et qu'il y a inséré la clause ridicule du changement des affaires générales de l'Europe.“

Potsdam, 3 décembre 1748.

Toutes les réflexions que vous faites, dans votre dépêche du 16 de novembre dernier, sur la note présentée aux ministres étrangers là où vous êtes, concernant le voyage de l'Impératrice vers Moscovie, sont justes et sensées. J'applaudis ce pendant à la façon dont vous vous en êtes expliqué aux ministres de Suède,1 et l'on ne saurait trop inculquer aux Suédois la nécessité qu'il y a de continuer d'agir avec prudence et avec modération et qu'ils ne fassent aucune démarche dans le cas de la mort du Roi qui les pourrait entraîner dans des fâcheuses affaires avec la Russie et le Danemark. Cette considération mise à part, je suis de l'opinion, moi, que le susdit voyage de l'Impératrice pourra être bien indifférent à toute l'Europe.

La confidence que notre ami vous a faite touchant les menées du Chancelier pour faire résoudre à l'Impératrice de relâcher le duc de Courlande2 et de le remettre en possession de ce duché, me donne à penser sur un avis qui m'est venu tout récemment de Vienne, savoir qu'il y avait une lettre écrite de Varsovie du 13 de novembre de quelqu'un qui était là dans la maison du comte [Michel] Bestushew, où il mandait qu'il y avait une grande fermentation à Pétersbourg, que l'Impératrice était fort mécontente du Grand-Duc, qu'elle s'était entretenue en secret avec le prince Antoine-Ulric de Brunswick, et qu'on croyait qu'il y aurait bientôt quelque changement de succession de réglé en faveur du jeune Iwan. Quoique je ne puisse juger jusqu'où cet avis peut être fondé, il se pourrait néanmoins qu'il y eût quelque réalité là-dedans, et qu'en même temps que le Chancelier travaillait au rétablissement du duc de Courlande, il pourrait bien remuer aussi à aliéner l'esprit de l'Impératrice du Grand-Duc au point qu'elle prit la résolution de renvoyer celui-ci et de nommer son successeur le prince Iwan. Vous combinerez le susdit avis avec les circonstances qui vous sont connues, et j'attends que vous me mandiez ce que vous en jugez.



1 Höpken und Wulfwenstjerna.

2 Biron. Vergl. Bd. I, 120.