<390> la paix, la supériorité de la France étant trop grande pour lors; que quoiqu'on ne doutât pas de l'envoi d'une escadre dans la Baltique, la chose était toujours traitée avec beaucoup de mystère; que dans le peu qu'on arrachait là sur les affaires du Nord, il n'était point question de renverser l'ordre de succession en Suède, mais bien du maintien de la présente forme du gouvernement, ce qui ne paraissait cependant que comme un prétexte; qu'on ne saurait rien dire de positif sur le duc de Cumberland : l'on en avait parlé, mais on gardait présentement un silence parfait là-dessus. Enfin, tout était mystère là, et l'on, ne verrait clair qu'après toutes les évacuations faites; le grand article pour la réussite du projet était sûrement d'amuser la France et de mettre la méfiance entre elle et moi, à quoi l'on avait travaillé depuis quelques années. Même l'envoi du sieur Legge n'avait point eu d'autre but que de causer de la jalousie à la France et de s'assurer de moi jusqu'à la paix. Si la France se laissait endormir, elle s'en repentirait, mais que l'orage qui menace serait bientôt conjuré, si elle parlait fermement.

Je vous communique tout ceci pour votre information, et comme je ne saurais pas savoir la disposition où le ministère de France est présentement à l'égard des affaires du Nord et de l'Angleterre, je laisse à votre pénétration et votre sagacité ce que vous croyez pouvoir hasarder ou non, de tout ce que je vous ai appris ci-dessus, au marquis de Puyzieulx et aux ministres de France, me remettant uniquement là-dessus sur votre prudence reconnue et sur le zèle que vous avez pour le bien de mon service.

Je dois encore vous avertir qu'il ne se passe présentement aucune semaine, sans qu'ils ne passe par Berlin des courriers qui vont à Londres et retournent en Russie. Et comme je sais que de pareils envois ne discontinuent point entre les cours de Russie et celle de Vienne, comme aussi à celle de Danemark, c'est une marque évidente qu'il se traite entre ses cours-là des choses de la dernière conséquence.

Federic.

Nach dem Concept.


3492. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

Potsdam, 25 février 1749.

La dernière dépêche que j'ai eue de vous, a été du 11 de ce mois. Si tout est mystère là où vous êtes relativement aux affaires du Nord et aux puissances qui paraissent couver des desseins contre la Suède et contre moi, je n'ai pas été mieux instruit de tout ce qui m'est revenu de nouvelles à ce sujet depuis la dernière que je vous ai faite. Elles sont si vagues, si incertaines que je ne vous saurais communiquer par la présente aucune qui pourrait vous donner quelques lumières à cet égard, hormis qu'on vient de m'écrire de Copenhague que les Danois commencent à armer plus fort qu'ils n'ont pas fait jusqu'ici.