<533> tant d'embarras que vous dites quand il s'est agi de s'expliquer sur le contenu des dépêches que le courrier de Russie a apportées en dernier lieu, et, à moins qu'il n'y ait quelque nouveau jeu caché là-dessus, je n'y comprends rien; ainsi donc, vous tâcherez de votre mieux à pouvoir m'orienter là-dessus. Je ne veux pas cependant vous laisser ignorer qu'il m'est revenu de bon lieu que le comte Tschernyschew a donné encore assez de l'espérance à sa cour, dans des dépêches qu'il lui a faites au mois de mars dernier, que l'Angleterre pourrait encore accéder au traité d'alliance fait entre les deux cours impériales, et que c'est en conséquence de cela que la cour de Moscou a pris la résolution de faire communiquer, de concert avec celle de Vienne, par leurs ministres à Londres au ministère anglais les articles secrets dudit traité et insister à ce que lord Hyndford soit autorisé de passer à l'accession; anecdote dont vous me garderez le plus religieux secret et dont vous ne ferez nul autre usage que d'en guider vos recherches. Au surplus, mes dernières lettres de Moscou sont qu'il y avait toute l'apparence que la cour de Russie ne pensait actuellement plus à exécuter quelque grand dessein, vu que tous les arrangements qu'on y faisait, annonçaient assez qu'on ne songeait pas à retourner si tôt à Pétersbourg et qu'on ne doutait plus que l'Impératrice n'irait faire, au printemps de l'année prochaine, un voyage à Kiovie.

Quant aux insinuations que vous avez envie de faire au sieur Durand,1 selon ce que vous en marquez dans votre dépêche du 6 de ce mois, vous ne devez pas hésiter un moment de les faire. Elles sont d'autant plus nécessaires que je sais par un bon canal que les deux cours impériales et encore celle de Londres sont extrêmement piquées contre moi de ce que j'ai réveillé un peu la France sur les vastes et pernicieux desseins qu'elles couvaient, et qu'elles voudront prendre à tâche présentement de tenter tout au monde pour mettre de la désunion entre la France et moi.

Federic.

Nach dem Concept.


3664. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 20 mai 1749.

Le sieur von der Hellen m'ayant marqué votre arrivée à Vienne par la relation qu'il m'a faite du 10 de ce mois, je vous ai fait communiquer par un rescrit du département des affaires étrangères ce qu'il m'est revenu par mes dernières lettres de Londres par rapport à l'embarras que le duc de Newcastle a témoigné quand il s'est agi de communiquer au ministre de France à Londres le contenu des dépêches qu'un courrier de Russie y a apportées en dernier lieu, embarras qui



1 Vergl. S. 508.