<84> empêcher qu'il n'entre de la confusion dans leurs dispositions, de façon qu'aucun d'eux ne saura après cela s'il doit donner à droite ou à gauche — pareilles considérations, dis-je, me font augurer assez mal pour me persuader que l'espérance de bons succès dont lesdits alliés paraissent se bercer qu'auront leurs armes au Pays-Bas, s'en ira à vau-l'eau, sans s'accomplir en aucun point.

Je m'imagine que la cour de Gotha s'est précipitée dans l'affaire de sa tutèle, par une vaine crainte qu'elle a conçue des Saxons; toutefois je veux bien croire que cette cour n'aura encore rien gâté par là à ses intérêts et que ses affaires n'en iront pas moin bien. Si cependant il se trouvait que le comte Gotter eût inspiré lui-même au duc de Gotha cette appréhension des Saxons, vous tâcherez de votre côté à le redresser et à le ranimer là-dessus.

La manœuvre que fait actuellement le roi des Deux-Siciles, n'est, selon moi, qu'un jeu uniquement concerté pour donner de l'attention à la cour où vous êtes, pour la distraire tant plus facilement de ses entreprises. Quoi qu'il en soit, vous continuerez à être des plus attentifs aux affaires d'Italie, pour m'en faire vos rapports circonstanciés et avec le plus de fondement possible.

Federic.

Nach dem Concept.


3022. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE FINCKENSTEIN A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 23 avril 1748.

Vos dépêches du 6 de ce mois m'ont été rendues. Vous pouvez compter fort et ferme que nous ne discontinuerons ici à répondre par une grande contenance à toutes les ostentations russiennes, que nous n'estimons au fond pas assez pour en prendre ombrage ou en appréhender le moins du monde. Les Russes ne ressemblent pas mal à des gens qui battent l'air, on doit leur laisser cet honneur.

Les avis qui me viennent des Pays-Bas ne sont point favorables du tout aux alliés et ils donnent lieu à penser que, par le manque de bons arrangements et par les chétives dispositions que les alliés y font, aussi bien que par l'état incomplet dans lequel s'y trouvent les régiments autrichiens — que, dis-je, les troupes auxiliaires russiennes ne leur seront pas d'un fort grand aide, et il y a toute apparence que ces dernières pourraient être ou battues en compagnie, ou témoins de la perte de la Hollande. Au reste, il m'est impossible de croire que la reine de Hongrie donne quatre régiments de hussards à la Russie, d'autant plus que je sais que ses régiments de hussards se trouvent dans un état assez mince pour qu'elle n'en puisse pas être aussi prodigue.

Federic.

Nach dem Concept.