2895. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Berlin, 15 janvier 1748.

J'ai reçu vos dépêches du 29 de décembre dernier et du ier de ce mois de janvier. Je ne m'étonne en aucune façon que le ministère de France regarde aussi tranquillement qu'il semble le faire, les chipoteries pour la paix qui se font en Angleterre; car, l'abbé Aunillon ayant été à Londres,7-2 les Français ne les ont pu ignorer bonnement et auront sans doute été de la partie. Selon les avis qui m'en reviennent, à l'heure qu'il est, cette négociation doit être regardée comme rompue. Pour ce qui est de ma médiation, vous ne laisserez que d'insinuer au marquis de Puyzieulx, à la première occasion que vous y jugerez convenable, que l'histoire ne fournissait point d'exemple qu'une puissance se soit jamais ingérée pour sa médiation contre le gré de celles qui étaient en guerre; que le ministère de France étant obligé à convenir lui-même que le congrès d'Aix-la-Chapelle n'aurait point lieu et que les Puissances maritimes faisaient leurs plus grands efforts pour faire une vigoureuse campagne — à quel effet elles faisaient venir à grands frais des troupes<8> auxiliaires russiennes — je pensais moi que le maréchal de Saxe serait le meilleur médiateur, par les opérations vigoureuses qu'il ferait, et qu'il rendrait par cet endroit faisables des choses qui pour le présent paraissaient impossibles. Au reste, comme vous m'avez écrit, il y a quelque temps, d'un certain Wernicke,8-1 duquel on m'a dit beaucoup de bien de depuis, je veux que vous le sondiez sur ses intentions et sur les conditions qu'il souhaiterait que je lui fisse, en cas que je le prisse à mon service.

Federic.

Nach dem Concept.



7-2 Vergl. Bd. V, 554. 556.

8-1 Vergl. Bd. V, 546.