2927. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 6 février 1748.

Les dépêches que vous m'avez faites du 22 et du 26 du janvier passé, m'ont été bien rendues. Vous ne laisserez pas de remercier en mon nom le marquis de Puyzieulx de la considération particulière qu'on a bien voulu avoir pour moi, en relâchant un bâtiment portant mon pavillon qui, étant arrivé à Saint-Valéry pour y rendre sa cargaison, avait été trouvé porter des marchandises défendues en France et par conséquence arrêté, mais au maître duquel on avait cependant laissé reprendre toute sa charge et permis d'aller la vendre ailleurs. Avec<28> tout cela, vous ne manquerez pas de prendre connaissance du nom de ce bâtiment et de celui qui l'a commandé, afin que je le puisse faire faire responsable de ce qu'il a abusé de mon pavillon. Au surplus, tout ce que le marquis de Puyzieulx vous a dit à ce sujet, m'a fait bien du plaisir, et je fais faire actuellement des déclarations des plus vives en Angleterre à ce que ses armateurs et corsaires soient obligés à respecter mon pavillon sur les vaisseaux de mes sujets, qu'on n'a pas laissé de molester beaucoup et dont on a même amené quelques-uns en Angleterre.

Quant aux insinuations que le marquis de Puyzieulx vous a faites d'ailleurs sur l'attention qu'on voudrait que j'eusse à ce que la cour de Vienne n'entraînât pas l'Empire dans la guerre, je dois vous dire que tout ce que je pourrais faire à ce sujet, c'est que, si la Saxe, le Palatin, avec la Cologne et le duc de Wurtemberg sont bien dans les intérêts de la France, je pourrais empêcher à la Diète de l'Empire que celuici ne déclarât la guerre à la France ou qu'il prît ouvertement parti contre elle, mais qu'il m'était d'ailleurs presque impossible d'empêcher que quelques États de l'Empire, tout dévoués à la cour de Vienne, ne lui fournissaient des troupes, puisque les Puissances maritimes et surtout l'Angleterre ne donnaient pas de l'argent, mais le jetaient à pleines mains des fenêtres à ce sujet.

Au surplus, mes avis sont que les troupes russiennes se doivent être mises en marche le 1er de ce mois. Au reste, je veux bien que vous vous intéressiez pour le chevalier de Folard, à ce qu'il ait la permission de venir me voir, étant purement par un motif de curiosité que je l'en avais fait prier. Vous en parlerez au maréchal de Saxe, qui est de ses amis et qui ne laissera pas de vous servir à ce sujet.

Federic.

Nach dem Concept.