3043. AU MINISTRE D'ÉTAT BARON DE MARDEFELD A BERLIN.

Potsdam,5 mai 1748.

Sur le rapport que vous m'avez fait du 3 de ce mois, concernant le chevalier Legge, je vous dirai que, quant au désir qu'il témoigne de vouloir venir ici me parler en particulier, vous tâcherez de l'en détourner poliment par tout ce que vous saurez imaginer de raisons convenables. Vous lui insinuerez même comme de ma part que, quelque plaisir que j'aurais de le voir ici, il m'en ferait cependant un sensible s'il voulait bien prendre confiance en vous et s'expliquer en conséquence; que non seulement vous lui garderiez tout le secret qu'il saurait désirer, mais que vous m'en feriez un rapport exact et fidèle et que je pourrais bien alors me résoudre à le faire venir ici pour m'entretenir en particulier avec lui. Que c'était de cette façon-là que j'avais toujours traité avec tous les ministres étrangers à ma cour, dont je ne saurais changer sans causer un ombrage extrême à ceux-ci, qui ne laisseraient de prétendre<95> dorénavant au même; qu'en conséquence il m'obligerait personnellement s'il voulait s'expliquer confidemment avec vous sur le sujet de ses commissions.

Comme je ne saurais douter qu'il se rendra à toutes ces bonnes raisons et qu'il s'expliquera naturellement sur tout ce qu'il aura à proposer, j'attends avec impatience votre rapport exact et détaillé là-dessus.

Au reste, il est bien juste que vous lui gardiez tout le secret qu'il exigera de vous et que vous agissiez avec bien du ménagement à ce sujet.

S'il venait à toucher la garantie solennelle que l'Angleterre m'a donnée sur la Silésie, vous lui direz que j'observerai également de ma part religieusement tout ce à quoi je m'étais engagé par cet acte de garantie et que je m'acquitterai fidèlement des dettes anglaises hypothéquées sur la Silésie; enfin qu'on n'aurait jamais des sujets légitimes à se plaindre de moi. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Je lui parlerai, mais je veux savoir d'avance de quoi il est question.

Nach der Ausfertigung. Der Zusatz eigenhändig.