3181. AU CONSEILLER BARON LE CHAMBRIER A PARIS.

Potsdam, 30 juillet 1748.

Pour vous répondre à la dépêche que vous m'avez faite en date du 19 de ce mois, je veux bien vous dire tout naturellement, mais dans la dernière confidence, que je n'aimerais point de voir le marquis de Valory rappelé de ma cour, puisque c'est un bon sujet dont je m'accommode bien, qui a de bonnes intentions et qui me convient mieux que tout autre, qui finasserait peut-être plus qu'il ne le fait. Si donc vous croyez que, en faisant connaître au marquis de Puyzieulx tout ce<189> que je vous ai dit par ma dépêche du 29 juin dernier au sujet du marquis de Valory, cela le pourrait faire rappeler, j'aime mieux que vous laissiez tomber la chose; mais pour désabuser cependant en quelque façon le marquis de Puyzieulx des impressions que Valory lui pourrait avoir faites, en prenant à travers ce que je lui ai pu dire pour l'agacer un peu, vous pourrez bien dire à celui-là, quand vous y trouverez une occasion favorable, que, comme le marquis de Valory m'était connu depuis tant d'années et que je l'avais pris en amitié, les discours particuliers que j'avais quelquefois avec lui étaient badinages, et qu'il se pourrait en conséquence qu'ayant badiné avec lui dans quelque conversation particulière sur les nouvelles du temps, il avait pris à gauche ce que je ne lui avais dit que pour animer la conversation; mais que lui, marquis de Puyzieulx, pourrait être persuadé que personne n'avait pris plus de part que moi à la paix que la France avait faite, et que j'avais ressenti une vraie joie des préliminaires qu'on en avait signés, et que, si l'on avait disséminé des bruits contraires, ce n'étaient que des médisances toutes pures, controuvées de mes envieux, les Autrichiens et les Saxons, dans le dessein de m'en calomnier auprès de la cour de France.

Federic.

Nach dem Concept.