3411. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Berlin, 4 janvier 1749.

La dépêche que vous m'avez faite le 25 du décembre dernier, m'est bien parvenue. Quant aux bruits que l'on débite à Vienne touchant les troubles qu'on s'attend de voir au Nord au cas de la mort du roi de Suède, je ne doute nullement que vous ne les ayez entendus tels que vous me les marquez; mais comme il est constaté que la cour où vous êtes traite fort cachées ses affaires secrètes, et qu'il arrive souvent tout comme ici que des bruits uniquement fondés sur l'imagination de quelques gens alambiqués et mal avisés s'emparent de tout le public,<335> vous tâcherez de pénétrer encore plus si les bruits susmentionnés ne sont pas du même aloi, et sur quel fondement ils peuvent être bâtis. Car je ne saurais point vous céler que jusqu'ici toutes mes lettres de Russie m'assurent positivement du contraire et qu'il ne s'agissait pas aujourd'hui d'attaquer ou de renverser la succession établie en Suède; que les cours de Russie et de Danemark n'avaient d'autre but que d'empêcher le changement de la forme présente du gouvernement, et que toutes les ostentations du contraire ne devraient point alarmer les Suédois, s'ils ont pris le parti de ne rien changer à la forme du gouvernement, et que sûrement l'on ne les attaquerait pas pour autre chose. Quand je combine avec cela les propos qu'un certain ministre anglais très entendu dans le système de sa cour a tenu à un des miens et dont je vous ai dernièrement fait communiquer le précis par un rescrit du département des affaires étrangères,335-1 et que je considère d'ailleurs l'état d'impuissance où la Russie est actuellement, pour ne pouvoir pas exécuter un projet ainsi vaste et difficile que celui de vouloir changer l'ordre de succession en Suède, j'avoue que j'ai de la peine encore à me persuader de la réalité des bruits ci-dessus allégués.

Pour ce qui regarde le mémoire que le ministre suédois Fleming a présenté à Copenhague, j'ai donné ordre à mon ministère335-2 de vous le communiquer in extenso, avec la réponse que la cour de Danemark a donnée là-dessus, par où vous verrez qu'il ne s'y agit que de bagatelles et de soupçons vagues. Voici ce que je vous dis pour votre direction seule, et afin de vous mettre sur la voie de pouvoir d'autant plus éclaircir et approfondir tout ce qui a du rapport à cette affaire, d'ailleurs bien intéressante à moi, et qui mérite toute votre attention.

Federic.

Nach dem Concept.



335-1 Vergl. Nr. 3396.

335-2 Vergl. Nr. 3405.