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Si, en tout cas, il s'agissait de l'accession de la Saxe au traité d'alliance défensive entre les deux cours impériales, fait l'année 1746, je regarderais ce chipotage fort indifféremment.

Il y a une affaire qui m'embarrasse un peu plus que tout le reste, et sur laquelle il faut que vous vous expliquiez avec toute la clarté et exactitude possible. Il s'agit d'une dépêche que je viens de recevoir de mon ministre en France, le baron Le Chambrier,1 par laquelle il me marque qu'après, que le marquis de Puyzieulx l'avait invité pour lui parler d'une affaire intéressante, il lui avait dit que, comme il courait présentement un bruit en France d'une quadruple alliance conclue entre la France, la Prusse, la Suède et le Danemark, et que ce bruit était fondé peut-être sur un discours qu'on disait que le maréchal de Saxe devait avoir tenu un peu légèrement à son retour en France, le ministère de France n'avait pas fait grande attention là-dessus, mais que lui, marquis de Puyzieulx, venait de recevoir une lettre de Dresde, de M. des Issarts, par laquelle il lui marquait que vous étiez venu le voir pour lui dire que j'avais signé mon traité avec la Suède et le Danemark, et que d'ailleurs le dernier avait renouvelé son traité de subsides avec la France; que M. des Issarts avait ajouté que vous aviez dit la même chose au comte de Brühl et à plusieurs autres, qui en avaient été extrêmement surpris et fâchés, par le peu de bien qu'ils me voulaient; que le comte de Brühl avait dépêché tout aussitôt deux estafettes, l'une à Vienne et l'autre à Copenhague, pour savoir la vérité de cette nouvelle; que les avis qui étaient venus de Vienne portaient que l'Impératrice-Reine ne savait pas un mot de ce prétendu traité entre moi, la Suède et le Danemark et qu'on écrivait de Copenhague que cette nouvelle était fausse.

Comme je ne vous ai point donné mes ordres pour faire une pareille déclaration ni à M. des Issarts ni au comte de Brühl, ni à qui que ce soit, et que je ne saurais croire que vous en eussiez jamais parlé de votre propre chef, je présume encore qu'il faut absolument qu'il y ait quelque malentendu de la part du comte des Issarts, ou que toute cette tracasserie soit encore un jeu du comte Brühl, pour causer des brouilleries entre la France et moi.

Mais comme l'affaire m'est importante, je veux que vous en fassiez votre justification et que vous vous expliquiez exactement si vous avez parlé à M. des Issarts et au comte de Brühl, et en quels termes propres vous vous êtes expliqué à l'un et à l'autre là-dessus. Ce que vous ne manquerez pas de faire le plus tôt le mieux, afin de me mettre par là à même de pouvoir désabuser la France sur les fausses insinuations qu'on lui a faites à ce sujet, et la tranquilliser des inquiétudes et des ombrages quelle a pris là-dessus. Vous ferez d'ailleurs votre justification à moimême immédiatement.



1 Vergl. S. 100.