<293> la Suède, l'on ne voudra porter les choses à l'extrémité, parceque la situation de la Russie n'est plus si avantageuse qu'elle fut il y a un an passé, et, à moins que la tête ne tourne tout-à-fait audit Chancelier, il hésitera de pousser les choses jusqu'à une guerre ouverte, quoiqu'il ne laissera passer aucune occasion pour agacer au possible la Suède.

Ce qui m'a paru pourtant étrange, c'est l'avis que j'ai que le ministre anglais à Pétersbourg, Guy Dickens, se doit faire un plaisir de déclamer et de décharger hautement sa bile contre la Suède, aussi souvent que l'occasion s'en présente, ce qui ne serait nullement à combiner avec ce que les Anglais déclarent à la France au sujet des affaires du Nord. Il se pourrait bien être cependant que dans ces occurrences le sieur Guy Dickens, extrêmement piqué qu'il est contre les Suédois, se laisse emporter par la violence de son tempérament à jeter des propos dont sa cour n'a nulle part, et qui ne sont pas conformes aux instructions qu'il en a reçues.

Au reste, par tout ce que vous me marquez des déclarations énergiques que la France fait faire à l'égard des affaires du Nord, je crois presque entrevoir qu'elle n'a plus tant de répugnance pour une nouvelle guerre qu'elle témoignait autrefois et qu'elle aimerait de dégainer plutôt dans ce temps-ci qu'à un autre, vu que l'Angleterre se ressent encore des grands efforts qu'elle a faits dans la dernière guerre, que la Hollande, par son état d'impuissance, ne saurait être d'un grand secours à ses alliés, que le roi de Sardaigne paraît être ébranlé, et que la France saurait se rendre maître dans peu de temps de tous les Pays-Bas autrichiens, les places de barrière étant encore presque toutes démantelées.

Nach dem Concept.


4184. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 14 mars 1750.

La déclaration que vous dites, dans votre rapport du 4 de ce mois, qu'a fait faire le roi de Sardaigne à la cour où vous êtes sur les bruits qui ont couru pendant quelque temps relativement aux engagements qu'on prétendait que lui, roi de Sardaigne, avait pris avec la France et l'Espagne,1 ne doit sans doute, vu l'expérience qu'on a des temps passés, pas avoir coûté fort cher à ce Prince. Mais j'espère de recevoir des avis sûrs de France et d'autres endroits encore, pour pouvoir m'instruire à fond sur quoi roulent les chipotages qui subsistent entre les cours de Turin, de France et d'Espagne.

L'invention de forger des canons de bronze et de fer, ne nous est point inconnue ici; elle ne produit cependant pas l'utilité et l'avantage



1 Vergl. S. 262. 277.