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4205. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 26 mars 1750.

Monsieur le Marquis de Valory. Mes dernières lettres de Pétersbourg, à la date du ro de ce mois, m'ayant marqué qu'on venait de donner l'ordre à quatre régiments d'infanterie qui se trouvaient aux environs de la capitale, de joindre incessamment le corps de troupes russiennes en Finlande, où l'on avait fait transporter depuis quinze jours quelque nouveau train de pièces de campagne et des batteries, et que d'ailleurs on équiperait comme à l'ordinaire la flotte, afin de la mettre sous les voiles, dès que la saison le voudra permettre, j'ai bien voulu vous faire part de ce nouveau phénomène qui va paraître à l'horizon du Nord.

J'ai reçu la lettre de M. Desalleurs que vous m'adressez, dont je vous fais mes remercîments ; je ne sais que dire des manœuvres du Bestushew. si ce ne sont que des ostentations, il faut avouer qu'on ne peut guère les pousser plus loin; si ce sont des préparatifs de guerre, la chose pourrait devenir sérieuse. Mais ce qui me rassure, c'est que je suis informé de très bonne part qu'on dresse à Pétersbourg un nouveau mémoire pour servir de réplique à la réponse de Suède, et il paraît que c'est pour appuyer les demandes ultérieures de la Russie que se font ces grands armements. Je dois me persuader que la cour de Vienne ne voit pas ces projets de bon œil; les troubles du Nord lui conviennent d'autant moins à présent qu'elle est occupée à faire passer l'élection de l'archiduc Joseph roi des Romains pour laquelle l'Angleterre a fait toutes les corruptions préalables dans le Collége électoral.

Federic.

Nach dem Concept. Die „Apostille de la main propre du Roi“ nach Abschrift der Cabinetskanzlei.


4206. AU MARQUIS DE VALORY, ENVOYÉ DE FRANCE, A BERLIN.

Potsdam, 27 mars 1750.

Monsieur. J'ai bien reçu votre lettre et la pièce qui y était jointe; vous connaissez tous les sentiments qui me lient au Roi votre maître, et avec combien d'empressement je saisis toujours les occasions de lui témoigner mon attention et la sincérité de mon amitié. Vous savez aussi que j'aime véritablement à vous donner des marques de la bonne volonté particulière que j'ai pour vous. Mais je ne puis me prêter à vous envoyer la badinerie que vous me demandez,1 et pour laquelle vous avez fait naître une curiosité que l'ouvrage ne mérite pas, mais



1 Das Palladion, Œuvres de Frédéric le Grand, Bd. XI.