<68> vous répondre à ce que vous me demandez par rapport à la manière dont vous devez vous conduire avec ce ministre relativement aux informations à lui donner, ou à ce que vous aurez à lui cacher, je vous dirai que vous pouvez bien continuer à le rectifier sur des impressions qu'on voudra lui donner contre mes intérêts, quoique toujours avec prudence et autant que vous le trouverez convenable, mais que vous devez vous garder bien, vu son mauvais caractère, de lui faire d'autres insinuations que celles que je vous ordonnerai moi-même par mes dépêches immédiates, en ne lui disant alors ni plus ni moins que ce que je vous prescrirai. Vous observerez d'ailleurs que, quand même il arriverait qu'il vous fût enjoint de la part de mes ministres du département des affaires étrangères de faire au sieur Blondel quelque ouverture ou quelque insinuation, vous ne devez pas l'exécuter, puisqu'il n'y a plus moyen de se fier à un homme d'une sprit tel que celui-là, aussi faible que prévenu, qui gâterait plutôt mes affaires, moyennant de pareilles ouvertures, qu'il ne les aiderait.

Pour ce qui regarde le secours que la cour de Vienne pourrait prêter à la Russie, en cas qu'une guerre eût lieu, je présume ou que cette cour se voudra tenir tout-à-fait derrière le rideau et laisser agir seule la Russie, jusqu'au moment ou elle croira qu'elle pourrait se déclarer, ou qu'elle voudra, plutôt, agir au commencement en auxiliaire de la Russie et se déclarer à la suite hautement, si les choses succédaient à leur gré.

Au reste, je ne comprends pas comment la cour de Vienne pourrait jamais se vanter de s'être offerte à remplir les engagements qu'elle avait pris par le traité de Dresde, aussi longtemps qu'elle refuse ouvertement de satisfaire à l'article principal, qui est de vouloir procurer la garantie de l'Empire sur mes possessions de la Silésie.

Federic.

Nach dem Concept.


3832. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS, ENVOYÉ EXTRAORDINAIRE, A VIENNE.

Potsdam, 23 août 1749.

J'ai été bien surpris de voir, par la dépêche que vous m'avez faite, l'empressement que M. de Blondel vous a témoigné de savoir de moi le canal d'où j'avais reçu l'avis de la déclaration que la Russie a été intentionnée de faire à la Suède; mais ma surprise a été plus grande encore de ce que vous avez osé prendre sur vous de m'en faire votre rapport. Sachez qu'il doit vous suffire quand je vous fais part de mes nouvelles, et qu'il ne vous reste que d'en faire l'usage que je vous prescris ; mais passez-vous de la curiosité de vouloir vous informer du canal par où ces nouvelles me parviennent. Dites à M. de Blondel