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gefügt: Que, s'il [Ulfeld] voulait qu'il [Barck] hasarderait son sentiment particulier, il doutait infiniment que la Suède fît rien au delà de ce qu'elle avait fait jusqu'ici. Le comte d'Ulfeld repartit qu'il doutait, de son côté, que la Russie se contenterait de cet acte, et qu'il croyait qu'elle exigerait une déclaration particulière pour elle, si l'on voulait qu'elle en donnât une à la Suède de ne pas troubler l'ordre de succession qui y était établi. Le comte de Barck répondit que la Suède n'avait jamais demandé une pareille déclaration à la Russie, qui serait contraire à son indépendance; … que, si la Russie, malgré tout ce que sa cour voulait faire, voulait pourtant l'attaquer, la Suède aurait la consolation de n'y avoir donné aucun sujet; à quoi il ajouta d'un ton ferme qu'elle trouverait, dans le besoin, des alliés pour la défendre et qu'elle se tenait assurée de l'assistance de la Porte. Le comte d'Ulfeld parut fort frappé à ce propos.“

récit que vous m'en avez fait, avec d'autres particularités qui me sont revenues du depuis, m'ont donné beaucoup de lumières par rapport à la façon de penser de la cour de Vienne relativement aux affaires du Nord. On a voulu tâter le pouls à la Suède jusqu'où on aurait pu pousser avec elle, pour s'en faire un mérite auprès de la cour de Russie; mais dès qu'on s'aperçoit que la Suède parle d'un ton ferme, l'on baisse de ton; et comme d'ailleurs le comte d'Ulfeld est connu pour être fort altier, et qu'il a parlé d'abord d'un ton assez haut quand le comte de Barck a commencé de lui lire sa dépêche du comte Tessin, mais qu'il en a fort rabaissé quand ledit comte de Barck lui a répondu avec fermeté, l'on s'en aperçoit assez que la cour de Vienne n'a nulle envie de pousser les affaires à l'extrémité, et que la Russie n'est pas sans appréhension que la Porte Ottomane ne se mêle de la querelle.

Quant au sieur Blondel,1 j'estime que ses préventions pour la cour de Vienne seront de peu d'effet; sa cour est à présent trop éclairée sur toutes les manigances de celle-ci et de ses adhérents pour qu'on ait lieu de craindre que les rapports du sieur Blondel lui puissent faire de l'impression. Au surplus, la cour de Vienne n'a point lieu de trouver étrange quand mes officiers vont voir leur campements,1 puisqu'il n'y a eu presque aucune revue en Silésie où ne se soient trouvés de ses officiers, auxquels on a toujours permis d'être du nombre des spectateurs.

Federic.

Nach dem Concept.


3859. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION BARON DE GOLTZ A MOSCOU.

Potsdam, 6 septembre 1749.

Je n'ai rien à vous répondre par cette présente dépêche, si ce n'est que, selon votre rapport du 14 d'août dernier, il ne me semble pas qu'il y ait rien de dangereux à craindre pour la Suède. Je me fortifie d'ailleurs dans l'appréhension où j'ai été jusqu'ici, que l'ami connu pourrait bien ne pas avoir la résolution nécessaire pour vouloir profiter



1 Vergl. S. 43—87.