3810. AU MINISTRE D'ÉTAT COMTE DE PODEWILS A BERLIN.

Potsdam, 13 août 1749.

J'ai vu tout ce que vous m'avez mandé dans votre rapport du 12 de ce mois touchant les dépêches que le marquis de Valory vient de recevoir de sa cour. Quelque spécieuse que paraisse l'offre de la cour de Vienne de vouloir, de concert avec la France, travailler à terminer les différends qu'il y a entre la Russie et la Suède, je ne saurais cependant la regarder que comme une leurre de cette cour pour flatter et amuser la France, sans que sa vraie intention soit de s'y employer sérieusement.

En attendant, vous remercierez fort obligeamment de ma part le marquis de Valory de là communication amicale et confidente que sa cour avait bien voulu nous faire relativement à la dépêche du sieur Blondel, et vous lui donnerez les assurances les plus fortes que nous en garderions le secret le plus absolu et n'en ferions rien communiquer à aucun de mes ministres aux cours étrangères.

Vous lui témoignerez encore la satisfaction particulière que j'avais de ce que tout était encore tranquille dans la Finlande, et de ce que jusqu'au moment présent nous n'avions rien entendu que le sieur Panin avait fait usage des ordres que, selon nos avis, sa cour doit lui avoir envoyés par rapport à cette déclaration menaçante à faire à la Suède; Que j'espérais d'ailleurs que la médiation de la France, jointe à celle de la cour de Vienne, ne manquerait pas de l'effet qu'on s'en promet, pour terminer une affaire aussi importante que celle-là, et que l'alliance qui était sur le point d'être constatée entre la Suède et le Danemark<54> ne laisserait pas d'y contribuer et de mettre l'équilibre du Nord sur un bon pied; qu'au reste, comme nous attendions d'un jour à l'autre la nouvelle de la signature de cette alliance, et que M. de Puyzieulx avait déclaré au baron Le Chambrier combien la France souhaitait que, dès que cette affaire serait réglée, je pusse me lier avec le Danemark par quelque alliance,54-1 je demandais à M. de Valory de vouloir bien marquer au marquis de Puyzieulx que je le faisais prier de vouloir bien faire en sorte que, quand je ferai entamer la négociation pour me lier avec le Danemark, le ministre de France à Copenhague eût ordre d'appuyer et de seconder cette négociation, et que je souhaitais d'ailleurs d'avoir l'avis de M. de Puyzieulx si la France aimerait mieux qu'elle entamât elle-même cette négociation, ou si je la devais faire entamer, puisque je voudrais bien me régler sur ce qui pouvait être agréable là-dessus à la France.

Au surplus, j'entrevois bien, dans tout ce que la France vient de marquer, qu'elle pose toujours pour base dans ce qu'il y aura à faire, au cas que la Suède fût attaquée par la Russie, que je doive envoyer en Suède le nombre des troupes auxiliaires stipulé dans le traité d'alliance qui subsiste entre moi et la Suède.

J'avoue que c'est une chose qui ne laisse pas que de m'embarrasser, de façon que, si jamais le cas de l'alliance devait exister, je ne verrais d'autre moyen pour m'en tirer que d'engager des troupes étrangères contre des subsides, pour les y envoyer. Et sur ce, je prie Dieu etc.

Federic.

Nach der Ausfertigung.



54-1 Vergl. S. 36. 46.