3881. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE VOSS A DRESDE.

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Voss berichtet, Dresden 16. September: „L'ambassadeur de France m'a raconté que, le maréchal de Saxe ayant débité à Paris que Votre Majesté avait conclu un traité défensif avec le Danemark, sa cour lui marquait son étonnement de ce que je ne lui avais parlé que d'un raccommodement entre la Suède et le Danemark. Je lui ai répondu que je ne savais rien d'un traité défensif conclu avec Votre Majesté, et que ce n'avait été uniquement qu'en confidence qu'en ce temps-là je lui avais parlé du raccommodement entre la Suède et le Danemark.“

Potsdam, 22 septembre 1749.

Ma dépêche précédente vous aura appris pourquoi je dois être bien content de ce que vous me marquez dans celle que vous m'avez faite du 16 de ce mois, au sujet de la réponse que vous avez donnée à l'ambassadeur de France, quand celui-ci vous a raconté ce que le maréchal de Saxe doit avoir débité à l'égard d'un prétendu traité défensif entre moi et le Danemark. Comme ces bruits-là ont alarmé bien des cours, et qu'on vous accuse d'avoir été le premier qui avait débité cette nouvelle indiscrètement, j'attends les explications et la justification que je vous ai demandées bien sérieusement sur ce sujet.

Quant au discours que le comte Hennicke vous a tenu pour vous insinuer que je ne devrais plus tant presser sur le payement de mes sujets créanciers de la Steuer, vu les arrangements qu'on avait pris pour leur payer les intérêts et peu à peu le capital, mon intention est que, quand le comte Hennicke reviendra à vous avec de pareils propos, vous devez lui dire tout naturellement que ce n'était point moi qui avais à prétendre de la Steuer, mais que c'étaient plutôt des particuliers, mes

 

sujets, qui demandaient leurs capitaux, parcequ'ils en avaient extrêmement besoin, quelques-uns, pour subsister avec leur famille, d'autres, puisqu'ils étaient pressés eux-mêmes par leurs créanciers, et d'autres encore pour soutenir leur commerce et leur crédit, et que ces bonnes gens ne prétendaient encore leur payement qu'après que le terme qu'on leur y avait stipulé fût échu; qu'en conséquence le comte Hennicke conviendrait lui-même que je ne saurais sans injustice ouverte empêcher ces gens d'insister à ce qu'on les satisfasse de ce qu'ils ont à prétendre, et dont ils ne sauraient se passer sans leur ruine, surtout après que je leur avais garanti le payement par un article exprès d'un traité solennel de paix.106-1

Au surplus, l'on me marque que le sieur Guy Dickens, ministre nommé de l'Angleterre à la cour de Russie, vient d'arriver de Londres à la Haye et continuera incessamment son voyage, en prenant sa route par Dresde, où, à ce qu'on prétend, il doit s'acquitter de quelques commissions. J'ai bien voulu vous en avertir, afin que vous le puissiez guetter à son arrivée à Dresde, pour voir s'il aura là quelques pourparlers avec les ministres, et pour l'éclairer s'il a des commissions pécuniaires à régler — parceque l'on a débité avec ostentation dans des gazettes publiques que la Saxe aurait un prêt de quatre millions des Anglais — ou s'il est chargé de renouer avec la cour de Dresde un traité de subsides, à ce que d'autres conjecturent.

Federic.

Nach dem Concept.



106-1 Vergl. Bd. V, 503 Anm. 1.