4123. AU CONSEILLER PRIVÉ DE GUERRE DE KLINGGRÆFFEN A LONDRES.

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Klinggräffen berichtet, London 30. Januar: „Un ami qui a une bonne correspondance à Vienne, me confia hier que la Russie y avait communiqué un mémoire, portant en substance qu'elle va proposer une alliance à la Suède par laquelle ces deux puissances s'engagent, savoir la Suède à y donner une déclaration formelle qu'elle ne portera aucune atteinte à la forme du gouvernement présent en ce pays-là, et qu'alors la Russie par cette convention-là donnera à la Suède les assurances les plus fortes d'entretenir une bonne amitié avec elle. On finit le mémoire par déclarer qu'on attend en Russie la réponse de la Suède, et, au cas qu'elle ne réponde pas à son attente, on réclame les engagements pris avec les alliés et nommément avec l'Angleterre … Je prends la liberté de supplier Votre Majesté de vouloir bien ménager tout ceci, afin que la personne en question ne soit point perdue, par où je recevrais en même temps un tort dont je ne pourrais revenir. Cette personne est

Potsdam, 14 février 1750.

Vous pouvez sûrement compter que le secret relativement aux avis que vous m'avez communiqués par votre rapport du 30 du mois dernier, vous sera religieusement gardé de ma part, et qu'il n'en transpirera absolument rien. Je suis en droit de croire que les soupçons que les Anglais voudront inspirer à la France sur mon sujet, ne feront nulle impression sur elle. Le ministère de France y est trop préparé, et j'ai eu soin de lui faire remarquer dans toutes les occasions la fausseté de pareils propos et le venin qui y est caché, en sorte que ce ministère est trop persuadé que, si des troubles s'élèvent dans le Nord, ce n'est point de ma faute ni par mon impulsion.

aussi à même de me rendre quelquefois compte comment quelques ministres étrangers s'expliquent sur les affaires du Nord. J'ai appris que ceux de Russie, de Vienne, de Saxe et de Sardaigne sont tous persuadés que Votre Majesté cherche Son agrandissement. Ce sont surtout les premiers qui ont répandu ici ce système. Il ne faut point douter que le comte d'Albemarle ne fasse toutes ces insinuations en France.“

Au reste, comme je vous ai déjà fait instruire sur le changement arrivé dans le ministère de Constantinople, je n'ai qu'à y ajouter qu'il m'est revenu de bon endroit que la nouvelle de ce changement n'a pas médiocrement alarmé la cour devienne, et qu'elle est dans des appréhensions sur la disposition de la Porte Ottomane en cas de guerre dans le Nord. Je crois avoir lieu de présumer que cet événement ne laissera pas de faire la même impression à la cour de Londres qu'il a faite à celle de Vienne et la fera indubitablement à celle de Russie.

Federic.

Nach dem Concept.