4161. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION EARON DE GOLTZ A SAINT-PÉTERSBOURG.

Potsdam, 3 mars 1750.

Vous faites très bien de me rapporter fidèlement, ainsi que vous le faites par votre dépêche du 14 de février dernier, toutes les circonstances telles qu'elles vous paraissent se manifester dans les affaires à la cour où vous êtes. Vous continuerez de la sorte, autant que vous serez encore à Pétersbourg, et vous recommanderez au sieur Warendorff de poursuivre, après vous, sur un pied égal.

En attendant, je crois presque comprendre que les chipoteries qui sont, à l'heure qu'il est, si fort en vogue entre le comte Bestushew et le sieur Guy Dickens, ont principalement pour objet que la Russie se propose de réclamer de ses alliés les secours stipulés par leur alliance, en cas que la réponse qu'elle attend de la Suède, sur le mémoire que le sieur Panin vient de présenter à Stockholm de la part de la Russie, n'agrée point à cette dernière, et que le comte Bestushew se flatte de pouvoir entraîner l'Angleterre à attaquer la Suède.

Le caractère fougueux du sieur Guy Dickens, joint à son animosité contre le ministère suédois, pourrait peut-être le pousser à se laisser<276> entraîner dans les vues du Chancelier russien; mais si de son côté il sera à même d'y entraîner sa cour, c'est là une chose qui ne pourra rester cachée pendant longtemps; quoique, à en juger selon les apparences, il n'y ait rien à craindre pour que cela arrive, l'état délabré des finances de l'Angleterre ne faisant point foi de le pouvoir permettre, quand même la cour de Londres le voudrait de bon cœur.

Il serait, au reste, fort à souhaiter que l'anecdote renfermée dans votre dépêche immédiate,276-1 pût se vérifier; mais je crains bien que l'heure n'en soit pas encore si proche.

Federic.

Nach dem Concept.



276-1 Die in Rede stehende Stelle des Berichtes vom 14. Februar lautet: „S'il y avait moyen de former un jugement solide sur les événements qui arrivent quelquefois en cette cour, il y aurait maintenant tout lieu de croire que le Grand-Chancelier court risque de recevoir quelque échec dans la fortune brillante qu'il a fait éclater jusqu'ici. Le raccommodement qu'on dit avoir été fait entre lui et le comte Schuwalow, ne doit être que tout-à-fait plâtré, et l'on vient de m'assurer que ce sénateur, comblé d'ailleurs de bontés de la part de sa souveraine, s'est lié le plus étroitement avec le procureur général, knès Trubezkoi, de sorte que celui-ci, s'il peut faire fond sur les dispositions favorables de Schuwalow, en profitera sûrement et ne négligera rien pour tâcher de porter quelque coup funeste au Chancelier.“ Vergl. S. 76 ff. und Bd. VI, 82.