4208. AU CONSEILLER PRIVÉ DE LÉGATION DE ROHD A STOCKHOLM.

Potsdam, 28 mars 1750.

Je viens de recevoir la dépêche que vous m'avez faite à la date du 13 de ce mois. Je ne saurais qu'applaudir à la façon dont le comte Tessin s'est pris pour corriger le sieur Verlet des faux et calomnieux bruits qu'on a disséminés et qui ont fait impression sur lui au point qu'il en a mêlé dans ses discours. Vous devez savoir cependant que tous ces mauvais bruits sont pour la plupart de la façon du chancelier Bestushew, qui en instruit le sieur Panin d'une manière si positive que celui-ci se voit obligé de les faire disséminer par ses suppôts. Au surplus, je veux bien vous dire, quoique dans la dernière confidence, qu'il m'est revenu par un fort bon canal qu'il y a des gens à Stockholm de la nation suédoise qui, pour attraper l'argent du sieur Panin, lui font accroire qu'ils sont à même de lui communiquer tout ce qui se passe de plus secret, non seulement dans le Sénat, mais encore auprès du ministère de Suède et partout ailleurs; que c'étaient ces gens qui avaient fait accroire comme s'il y avait été fait une nouvelle convention très secrète entre la France, moi et la Suède, et qui n'ont pas hésité de lui en imposer par une copie de cette prétendue convention qu'ils lui ont vendue assez cher. Je laisse à votre discernement si vous trouvez convenable de faire part au comte Tessin de cette circonstance, pour qu'il sache veiller sur ces gens et tâcher de les découvrir; ce que vous ne ferez cependant qu'en lui recommandant le dernier secret là-dessus, afin qu'une indiscrétion à cet égard ne fasse pas perdre le canal d'où j'ai tiré tout cela.

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Mais ce qui m'est encore plus intéressant que tout cela, c'est de vous mander que mes lettres de Pétersbourg en date du 10 de ce mois m'apprennent qu'on y venait de donner l'ordre à quatre régiments d'infanterie qui se trouvent aux environs de cette capitale, de joindre incessamment le corps de troupes russiennes en Finlande, où l'on avait d'ailleurs fait transporter depuis quinze jours un nouveau train de pièces de campagne et de canons de batteries pour faire des sièges. L'on ajoute qu'on était après à équiper la flotte, pour la mettre en état de sortir des ports, dès que la saison le permettrait.

Si ce ne sont que des ostentations, il faut convenir qu'on ne saurait guère les pousser plus loin, mais comme ces armements pourraient devenir sérieux, vous devez avertir confidemment les ministres de Suède de ce que dessus, en leur représentant la nécessité qu'il y avait de penser également à renforcer les troupes suédoises en Finlande dans le temps que la Russie y renforce les siennes, et de s'arranger en sorte qu'on ne saurait être surpris et culbuté du premier coup que la Russie voudrait porter là à la Suède. L'avis me paraît être trop sérieux pour ne pas mériter qu'on y fasse toute l'attention.

Federic.

P. S.

Après avoir fini ma dépêche, je viens de recevoir encore celle que vous m'avez faite du 17 de ce mois. Comme vous y faites mention d'un lieutenant-colonel baron de Scheffer, arrivé à Stockholm, je veux bien vous dire pour votre direction que cet officier, frère du ministre de Suède en France, a été envoyé de celui-ci, à la réquisition de la cour de France, en Suède, pour y engager Je ministère à prendre un concert avec moi sur la manière d'opérer contre la Russie, en cas que celle-ci s'avisât d'attaquer la Suède, afin que la France, connaissant quelles, sont les mesures dont la Suède conviendra avec moi, puisse parler suivant cela à Londres et à Vienne et faire expliquer ces deux cours sur l'intérêt qu'elles prennent dans les différends qui subsistent entre la Suède et la Russie.

Nach dem Concept.